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Pour cette fois il sortit de la lutte à son avantage ; mais le jour suivant elle lui proposa un vers dont il ne put construire le similaire ; il fit donc semblant d’être emporté par son cheval. Le vers proposé par mademoiselle Dièm était ainsi conçu :

La poule pousse trois gloussements, elle dit : tâc, tâc, tâc.

Quinh, monté sur son cheval, avait bien trouvé comme parallèle aux quatre premiers mots ma hành thiên ly, mais il ne savait que mettre pour faire le pendant de viêt tac. Tout en poussant son cheval, il se mit à dire : « Long cong, long cong, long cong »[1], ce qui faisait le parallèle demandé. Ce fut ainsi qu’il trouva ce qu’il cherchait, tandis que s’il n’avait pas fait galoper son cheval il serait resté court.

En se promenant, Quinh avait coutume de passer par un certain bac, mais il ne payait jamais le passeur. Celui-ci naturellement lui faisait toujours des réclamations. Un jour Quinh lui dit : « C’est bon, ne te plains plus, je vais te donner un moyen de faire fortune. » Revenu chez lui, il fit construire une armoire bien close, laquée, couverte de jolis dessins et montée sur des colonnes de dix thuroc. Une inscription placée en dedans disait : Si quelqu’un veut voir, Quinh le lui permet, mais que le diable emporte celui qui racontera ce qu’il aura vu. Il fit ensuite porter sa machine près du bac. La foule s’assembla et chacun donna cinquante sapèques pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur. Après avoir vu ils comprenaient qu’ils avaient été joués, mais ils n’osaient rien dire, de crainte de tomber sous le coup de la malédiction de Quinh. De cette manière le passeur fit for-

  1. Long cong est le bruit des grelots pendus au coup du cheval. Le sens de ces vers est donc : le cheval fait mille ly, faisant sonner ses grelots. Pour rendre tant bien que mal le parallélisme du texte on pourrait traduire ainsi ces vers : la poule pousse trois cris, gloussant, gloussant, gloussant ; — le cheval fait mille ly, sonnant, sonnant, sonnant.