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Page:Landes - Contes et légendes annamites, 1886.djvu/96

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III


Du temps du loi Lé thâi to, la princesse Lieu avait mis au monde le trang Quinh. Plus tard, elle descendit de nouveau sur la terre et, comme la première fois, ouvrit une auberge qui fut aussitôt très fréquentée, mais de même qu’auparavant quiconque lui parlait d’amour était frappé de mort ou de folie. Elle y demeura deux ou trois ans et donna le jour à un garçon qui n’avait que neuf doigts. Elle alla alors à la pagode Ba dô pour confier son fils aux soins d’une bonzesse qui y habitait.

Cette bonzesse était d’une bonne famille et avait reçu une instruction supérieure. Depuis qu’elle faisait pénitence elle avait acquis tant de mérites qu’elle était sur le point d’arriver à la perfection. Elle avait quatre-vingt-dix ans. La princesse, en lui amenant son fils, lui dit : « J’ai déjà eu un fils et je voulais que ce fut un roi, mais il a été seulement le trang (nguyên) Quinh. Celui-ci que je pensais aussi devoir être un roi ne sera sans doute non plus qu’un trang nguyên. » — « Comment le savez-vous ? » lui demanda la bonzesse. — « Le premier, répondit la princesse, avait plus de doigts qu’il n’est de règle, à celui-ci il en manque un, c’est pourquoi je sais qu’il ne pourra être roi ; s’il avait eu tous ses doigts il l’aurait pu. J’ai été deux fois bannie des cieux et je voulais donner le jour à un roi, mais le ciel ne l’a pas permis. Maintenant le temps de mon exil est achevé, je vais reprendre ma forme divine. Je vous confie donc cet enfant pour l’élever. » Là-dessus elle disparut.

Dès l’âge de dix ans, Trinh se montra d’une intelligence merveilleuse ; une fois grand, il passa ses examens et obtint le titre de trang nguyên, c’est pourquoi on l’appelle le trang Trinh. Par la suite, les Mac firent la guerre aux Le et chassèrent devant eux le chua Nguyên bien qui ne put leur résister. Au col