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reprendre des forces au grand air. Ce furent pour Johannes de merveilleuses vacances. Il court les champs avec Lischen, la fille du bon Giesman, d’une année plus jeune que lui (il avait alors quatorze ans). Il passe des heures avec elle assis dans l’herbe au bord d’un ruisseau, à rêver ou à lire. Il dévore tous les livres qui lui tombent sous la main, surtout les romans d’aventures. Il ne connaît point de plus grand plaisir. C’est ainsi qu’un jour il découvre l’histoire de la belle Maguelone et du chevalier Pierre, qu’il devait plus tard illustrer de sa musique. Ici, à la campagne, la bibliothèque de son ami et protecteur est riche et bien garnie. Il ne s’est jamais vu à pareille fête. À la ville, il satisfait plus difficilement sa passion de lecture. Du moins, dès qu’il a quelques « groschen » dans la poche, il court chez le brocanteur pour acheter des livres. Il se monte ainsi, peu à peu, une singulière bibliothèque où voisinent Sophocle et Dante, Cicéron et le Tasse, Pope, Jean-Paul, Klopstock, Lessing, Goethe, Schiller, Eichendorff, Chamisso, Young, et, à la place d’honneur, la Bible qu’il savait presque par cœur. Quand il rencontrait une poésie qui lui plaisait, « il la lisait lentement, et la mélodie