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bon écolier, qui sait son métier et imite avec une application touchante mais stérile les modèles qu’il a sous les yeux.

Cependant dès ces premières œuvres on s’aperçoit que Brahms ne s’en tiendra en ce qui concerne la sonate, ni à la conception de Mozart ou de Beethoven, ni à celle de Schubert ou de Schumann.

Dans la sonate, Brahms va introduire l’esprit du lied[1] et son romantisme, comme l’avaient déjà fait Schubert et Schumann, mais avec cette différence que ces deux musiciens, tout en conservant de la méthode classique quelques-uns de ses procédés, n’en pénétraient plus l’esprit, tandis que Brahms au contraire en a merveilleusement saisi le principe fécond. Ni Schubert ni Schumann n’ont su développer ni construire : ce fut un des plus remarquables talents de Brahms. Ce talent, il ne l’acquit pas seulement au contact de Mozart et de Beethoven. J.-S. Bach fut un de ses auteurs préférés, et c’est de lui qu’il tient ce sens si affiné de la polyphonie[2].

  1. « Brahms me disait, raconte Dietrich, que toutes les fois qu’il voulait composer, il songeait à quelque lied populaire, et qu’alors les mélodies se présentaient d’elles-mêmes. »
  2. C’est à J.-S. Bach également que Brahms emprunte ces effets spéciaux au jeu de l’orgue si fréquents dans son œuvre de piano. Hans de Bülow disait : « Lorsque Bach composait pour le clavier, il pensait toujours à l’orgue, Beethoven songeait à l’orchestre, Brahms aux deux à la fois. »