Page:Landormy - Brahms.djvu/82

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moins de variété. Les rythmes légers, rapides ou incisifs y manquent. Et puis les pièces de Brahms ne sont jamais comme telle page du Carnaval ou telle Scène d’enfants de petits tableaux descriptifs. L’auteur se laisse aller le plus souvent à de vagues rêveries sans objet. Il serait impossible de donner à de telles compositions des titres tels que : l’Auberge, le Voyageur, Dans la Forêt, Pierrot, Arlequin. Une seule fois, pour le premier Intermezzo de l’op. 117, nous trouvons au-dessus de la musique l’indication du texte d’un lied écossais : « Dors doucement, mon enfant, dors doucement ! Cela me fait tant de peine de te voir pleurer ! » Du reste Brahms était de l’avis de Hanslick : il estimait que la musique était incapable d’éveiller des représentations précises et il jugeait dangereux ou tout au moins inutile de détourner l’attention des auditeurs du contenu purement musical d’une œuvre en l’intéressant à un « programme » littéraire ou en sollicitant son imagination par l’attrait d’un titre poétique. Bien entendu, Brahms était victime d’une illusion naturelle à tous les créateurs quand il étendait à toute musique les caractères de celle qu’il était né pour composer.