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de premier ordre à tous les points de vue. Brahms a su trouver des combinaisons pianistiques d’une sonorité toute nouvelle et il a merveilleusement mis en valeur l’esprit de la musique tzigane avec sa crudité, sa sauvagerie, son ardeur frénétique, sa féline douceur et sa furie sensuelle.

Joignons enfin aux œuvres de Brahms pour le piano ses peu nombreuses compositions pour l’orgue, notamment les Onze Préludes de chorals qu’il écrivit en mai et juin 1896 à Ischl, sans doute sous l’impression de la mort toute récente de son amie vénérée Clara Schumann. Ces préludes nous révèlent un Brahms occupé de pensées graves et sans doute de sombres pressentiments, et qui, pour s’exprimer, emploie tout naturellement et avec une singulière aisance la langue de Bach. On remarquera tout particulièrement le charmant prélude n° 4 pour le choral : « Herzlich thut mich erfreuen die liebe Sommerzeit[1]. » Le premier membre de phrase de la mélodie est présenté d’abord enveloppé dans une figuration à une seule partie, puis il est repris en polyphonie et cet échange de présentations se pour-

  1. « La chère saison d’été me réjouit dans le fond du cœur. »