Page:Landrieux - L Islam, Lethielleux, 1913.djvu/39

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Que dire encore de ces étranges confréries de derviches, d’Aïssaouas surtout, que penser de ces mystiques acrobates, énergumènes et déments, qui ont la prétention d’incarner, dans leurs rites sauvages et burlesques, l’ascèse de l’Islam ?

Jamais, nulle part, l’effort de l’âme pour s’abstraire, pour s’évader de la chair, pour s’enlever, pour aller à Dieu, n’a ravalé l’homme plus bas, dans l’ignominie, au niveau de la bête.

J’ai lu leurs prières. Il en est de puériles. Il y en a dont la formule, au moins, ne déparerait pas nos eucologes. Mais, comme rien chez eux ne peut être simple, ils les répètent cent fois, mille fois, jusqu’à dix mille fois de suite, scandées par le charivari de l’orchestre.

Après ces interminables psalmodies, noyées dans un nuage épais d’encens, qui avaient commencé graves et dignes d’abord, comme une prière de moines, pour s’achever en hurlements, dans un vacarme assourdissant de tambourins, de fifres et de cymbales, les Aïssaouas s’animent,