Page:Landrieux - L Islam, Lethielleux, 1913.djvu/98

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affaires, à qui je demandais de me préciser la nuance qui différencie aujourd’hui, dans cette confusion inextricable des races, le Maure, de l’Arabe, me fit, après quelques explications, en forme de conclusion, cette réponse significative, et d’un ton qui soulignait chaque mot d’un gros trait noir : « Écoute-moi bien : appelle-nous comme tu veux : Turcs, Arabes ou Maures, il n’y a ici que des musulmans ! »

Dans un autre ordre d’idées, je dirais volontiers dans le même ordre d’idées, car la question est plus religieuse qu’on ne le pense, le fameux décret Crémieux, qui émancipa les Juifs algériens, en 1870, eut suffi à lui tout seul pour nous aliéner les indigènes à jamais.

Ceux-là seuls s’en étonneront qui ignorent quelle dose de haine et de souverain mépris recèle, pour le Juif, une âme de musulman : vieux ressentiment peut-être, au cœur des Arabes, pour l’expulsion tragique d’Ismaël et d’Agar, de la tente d’Abraham !