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Le mot capital, en effet, est employé par le langage vulgaire dans des acceptions assez variées. Et les économistes, s’appliquant à l’étude des questions que pose l’expérience journalière, élaborant les concepts auxquels cette expérience a donné naissance, ont multiplié les significations du mot à ce point que rarement l’on voit deux d’entre eux l’entendre de la même façon.

Sommes-nous donc en droit de prendre pour le mot capital l’une quelconque des significations qu’il a reçues ? En un sens, les définitions sont arbitraires, et l’on ne peut rien exiger d’elles d’une manière absolue sinon qu’elles soient claires, distinctes et exemptes de contradictions. Toutefois les définitions, dans un ouvrage de science, ne sont pas indifférentes. Il est préférable qu’on ne s’écarte pas trop des habitudes du langage usuel, ni de celles du langage scientifique. Il faut tâcher aussi que chaque vocable serve à exprimer un concept important, que par lui on soit amené à examiner les faits les plus généraux, à découvrir les lois les plus essentielles de la science[1].

2. Cherchant une définition du capital qui satisfasse aux desiderata ci-dessus énoncés, j’examinerai tout d’abord la distinction que la plupart des économistes ont accueillie, et sur laquelle beaucoup ont insisté longuement : la distinction du capital social et du capital privé, du capital productif et de celui qui, sans être productif, rapporte cependant des intérêts au particulier qui en est nanti[2].

Les économistes ont montré comment la deuxième

  1. Cf. Böhm-Bawerk, Capital and Capitalzins, II (Positive Theorie des Capitales), 2e éd., lnnsbruck, 1902, p. 38, et Irving Fisher, What is capital ? dans l’Economic journal, 1896, pp. 509-510.
  2. En allemand « Productiv- » et « Erwerbscapital ». Cette deuxième expression n’a pas d’équivalent en français, et cela est regrettable.