Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

catégorie était plus vaste que la première : tandis que le capital social est composé uniquement de moyens de production, le capital privé comprend aussi des biens destinés à la consommation, des moyens de jouissance. Quelques auteurs représentent encore que le capital social est une catégorie purement économique, correspondant à une loi universelle de la production, et qu’on le rencontre dans toutes les formations sociales ; le capital privé, au contraire, n’existerait que dans certaines formations sociales, à savoir celles qui admettent le prêt et la rémunération du prêt ; il ne serait, par suite, qu’une catégorie historico-juridique[1].

D’après Böhm-Bawerk[2], de ces deux notions de capital social et de capital privé, la deuxième serait la notion fondamentale, et l’autre serait une notion dérivée. Rien de plus juste que cette vue. La science économique étudie l’homme en tant qu’il s’efforce d’acquérir des richesses, c’est-à-dire des biens échangeables par lesquels ses besoins puissent être satisfaits : tous les faits qu’elle étudie ont leur origine dans l’activité des individus cherchant à améliorer leur condition, et se terminent à ces mêmes individus. Et sans doute il est très éloigné de ma pensée de vouloir enfermer l’économiste dans la considération du jeu des intérêts particuliers ; je crois au contraire qu’il doit aussi s’élever à la considération de l’intérêt social — lequel est d’une certaine manière une résultante de ceux-là —, que par là seulement la science économique achève sa tâche[3]. Il n’en reste pas moins que

  1. Voir Bohm-Bawerk, II, pp. 65 et suiv.
  2. II, p. 64.
  3. Mon livre sur L’utilité sociale de la propriété individuelle, Paris, 1901, n’est pas autre chose qu’une contribution à cette deuxième partie de l’économique, dont personne ne s’était occupé sérieusement avant Otto Effertz : la partie de l’économique qui définit la notion de