Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/159

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71. Ma théorie admet pour l’intérêt une multiplicité d’explications, de causes. Et sans doute il n’est pas indispensable, après l’avoir exposée, d’en entreprendre la justification : elle doit porter cette justification en elle-même. Il se trouve toutefois qu’un auteur dont les conceptions ne peuvent pas être passées sous silence, Böhm-Bawerk, a combattu, et avec beaucoup d’insistance, l’idée même d’une théorie à explications multiples : je veux passer en revue les objections que Böhm-Bawerk a faites à cette idée.

C’est dans une polémique contre Dietzel que Böhm-Bawerk a discuté la question de la théorie « éclectique » de l’intérêt[1]. Dietzel, rendant compte de la théorie de Böhm-Bawerk[2], avait avancé que selon les cas, le phénomène de l’intérêt comportait telle explication, ou telle autre très différente de la première. Pourquoi loue-t-on un piano à raison de 150 mk. par an, plutôt que de l’acheter ? Cela dépend. Le locataire parfois a pour l’argent que le piano lui coûterait un placement d’ordre industriel où ce même argent lui rapporte 200 mk. par an : c’est la productivité du capital, alors, qui explique l’intérêt obtenu par le loueur. Mais il se peut aussi que le locataire n’ait pas à sa disposition la somme qui serait nécessaire pour acheter le piano : alors ce locataire est a exploité n par le loueur, c’est l’exploitation qui est la source de l’intérêt[3].

Sur l’exemple choisi par Dietzel, je me hâte de faire une réserve : c’est au sujet de l’ « exploitation » présentée comme une des causes de l’intérêt. Il n’est peut-être pas correct de dire que, louant un piano à quel-

  1. Einige strittige Fragen der Capitalstheorie, pp. 84-100 ; v. encore Capital and Capilalzins, I, pp. 690 et suiv.
  2. Göttingische gelehrte Anzeigen, 1891, pp. 931 et suiv.
  3. Pp. 933-934.