Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/171

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cevoir et de désavouer s’ils avaient approfondi les choses davantage ; il est arrivé aussi que les auteurs ont laissé s’introduire dans leurs théories des sophismes, qui apparaissent dès qu’on donne à ces théories tout leur développement.

Tels sont les deux reproches principaux que méritent les théoriciens de l’intérêt[1]. Rarement il est arrivé qu’ils aient pris comme prémisses des faits, des propositions erronées, qu’ils aient explicitement formulé de telles propositions, ou explicitement formulé des raisonnements vicieux.

Sans qu’il soit ici question de passer en revue toutes les théories de l’intérêt et de les critiquer toutes — ce travail a été fait excellemment par Böhm-Bawerk[2] —, je veux prendre quelques-unes de ces théories peur illustrer les remarques précédentes.


78. Tout d’abord, comment convient-il de classer les théories de l’intérêt ?

Böhm-Bawerk les classe de la manière suivante[3]. Il distingue :

1° ces théories qui invoquent, pour expliquer l’intérêt du capital, le fait de la fructification de certains capitaux (Turgot, George) ;

2° la théorie de Smith, qui explique l’intérêt par cette considération que sans l’intérêt le capitaliste n’aurait pas de raison pour dépenser des capitaux, pour faire des opérations capitalistiques (à ces deux premières sortes de théories, Böhm-Bawerk rattache les théories qu’il appelle incolores) ;

  1. Cf. Hawley, art. cité, pp. 302-303.
  2. Voir tout le t. 1 de son ouvrage (Geschichte und Kritik der Capitalzinstheorien).
  3. Voir I, pp. 90-92, et passim,