Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/235

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donne leur valeur, cette force de travail, en tant qu’elle est une marchandise elle-même, vaut ce qu’elle coûte à produire[1] ; et il se trouve qu’elle coûte moins qu’elle ne produit. Ainsi celui qui utilisera la force de travail obtiendra plus qu’il n’a dépensé, il bénéficiera d’une plus-value. C’est ce que font les capitalistes. Les travailleurs, ne possédant rien par eux-mêmes, n’ayant pas de biens où appliquer leur force de travail, sont contraints de vendre cette force aux capitalistes ; ceux-ci dès lors s’approprieront tout le produit du travail des ouvriers, et ne donneront aux ouvriers, sous forme de salaires, qu’une partie du produit ; ce sera là la source de l’intérêt, lequel se trouve ainsi provenir d’une exploitation des ouvriers.

111. La critique de cette théorie a été faite trop souvent pour qu’il soit besoin de la recommencer ici[2]. Je me bornerai à quelques brèves remarques.

La première et la plus importante est qu’il y a dans la théorie de Rodbertus et de Marx comme une contradiction. On veut que le capital exploite le travail ; on est obligé de reconnaître d’autre part que le travail, sans le capital, ne produirait même pas cette subsistance qu’il reçoit du capital sous forme de salaire. Mais comment dire que le capital exploite le travail, qu’il le dépouille, si ce produit que le travail crée et dont le capital retient une part, le travail, sans le capital, n’eût pu le créer ? Du moment que le capital joue un rôle indispensable dans la production, il ne sera pas correct de dire que le produit est dû tout entier au travail de l’ouvrier. Les expressions dont sans cesse nos auteurs se servent sont donc impropres. Elles ne

  1. Je m’attache à l’argumentation de Marx, plus élaborée et plus précise que celle de Rodbertus. Voir Le capital, liv. 1, sections I, II et III.
  2. Voir spécialement Böhm-Bawerk, 1, chap, 12.