Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/265

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n’arrivera-t-il pas que les quantités supposées fixes par Böhm-Bawerk varieront, en suite du taux de l’intérêt qui s’établira, ou du salaire qui s’établira en même temps ? Il y a tout d’abord, dans l’hypothèse de l’auteur, 10 millions d’ouvriers ; selon que le salaire s’établira à 300 florins par an, à 500 ou à 600, ne verra-t-on pas, la condition d’une classe sociale influant sur la natalité et la mortalité qu’on y observe, le nombre des ouvriers s’accroître, ou bien encore diminuer dans des proportions différentes ? Ainsi, le problème posé se résolvant, les données se trouveraient modifiées par là-même, un autre équilibre devrait être cherché, un autre taux d’intérêt et un autre salaire.

Cette objection ne doit pas nous arrêter. Elle revient à dire que Böhm-Bawerk a envisagé le problème du taux de l’intérêt d’un point de vue statique, et qu’un tel point de vue est un point de vue imparfait. Et certes il est sûr que la dynamique seule, point la statique, embrasse la réalité dans sa durée ; que l’équilibre du taux de l’intérêt est dans la réalité, comme tous les équilibres réels, un équilibre instable, qu’il porte en lui-même — sans qu’on ait besoin de faire intervenir des changements extérieurs — des causes qui travaillent à le détruire. Il n’est pas moins vrai qu’il est légitime dans la science de commencer par une étude statique des faits ; et que cela est nécessaire, les problèmes de la dynamique ne pouvant être résolus qu’autant qu’on a, au préalable, résolu ceux de la statique.


126. 2° Voici mieux : une certaine instabilité des données n’existera-t-elle pas même à ce point de vue statique où Böhm-Bawerk a voulu se tenir ?

Je considère le nombre des ouvriers. Le taux du salaire n’influera pas seulement sur ce nombre à la longue, en modifiant la natalité de la classe ouvrière :