Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/326

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la capitalisation. Or on sait que la plupart de ceux qui épargnent suivent à cet égard une règle qu’ils se sont tracée[1] : ils s’astreignent à épargner chaque année une certaine somme, toujours la même, ou bien ils s’astreignent à épargner toujours une certaine fraction de leur revenu, etc. Tant qu’il s’agira de suivre la règle qu’ils se sont fixée, l’épargne leur semblera relativement aisée ; quelque circonstance les incite-t-elle à épargner davantage, cela leur paraîtra sensiblement plus pénible, de si peu qu’il s’agisse de dépasser la norme choisie.

Toutefois la loi que j’ai cru devoir formuler appelle de certaines réserves. J’ai parlé de règles que les individus se traçaient pour leur épargne, et qu’ils s’imposaient de suivre. Ces règles sont ainsi faites très souvent que la capitalisation, qui devrait devenir plus malaisée quand les sommes à épargner s’accroissent, paraît en quelque sorte devenir plus aisée par là, ceci du moins lorsque le taux de l’intérêt vient à baisser. Que l’on voie bien ce qui devrait résulter de la loi de tantôt : cette loi devrait produire cet effet que, l’intérêt s’élevant, on épargnât davantage, et inversement. S’agit-il pour moi d’économiser 5.000 francs ? je ne le ferai pas si ces 5.000 francs ne doivent pas me rapporter 3 % par an ; s’agit-il d’économiser 10.000 francs ? c’est 4 % que je réclamerai. Ainsi, l’intérêt étant à 3 %, j’épargnerai 5.000 francs, j’épargnerai 10.000 francs s’il monte à 4 %, j’épargnerai 2.000 francs seulement s’il tombe à 2 %. Et de fait on constate dans l’expérience que souvent les choses vont ainsi. Mais, par un phénomène au premier abord étrange, et qui contredit notre loi, c’est souvent aussi le contraire qui a lieu : une baisse de

  1. Voir Böhm-Bawerk, II, pp. 447-448.