Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/14

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quelles sont les manifestations diverses du mal. La science économique nous fera savoir quels effets on doit attendre de tel ou tel remède. Grâce à elles, nous serons en mesure de dresser un programme d’action efficace : et c’est à l’art économique que cette tâche revient.

4. Ce qui fait l’intérêt de chacun d’eux. — C’est dans leur relation à l’art économique qu’est la justification principale des recherches économiques historiques et scientifiques : car c’est dans la pratique que l’activité intellectuelle de l’homme a sa terminaison normale. L’histoire pose les problèmes que la pratique doit résoudre. La science nous enseigne comment nous pourrons résoudre ces problèmes conformément à nos désirs. La science, au reste, est fondée sur l’histoire : c’est l’histoire qui amasse les matériaux dont l’élaboration permettra d’édifier la connaissance scientifique. On peut même dire que jusqu’à un certain point l’histoire est en mesure de suppléer la science, de nous renseigner sur les effets que nous devons attendre des mesures pratiques que nous concevons. On peut, à l’aide du présent, prévoir l’avenir prochain, en prolongeant dans le futur la courbe de l’évolution des faits. Et de ce qui s’est produit dans le passé on peut conclure à ce qui se produira dans l’avenir, si les mêmes situations se présentent. Mais ces prévisions sont nécessairement très approximatives et très incertaines aussi : car il n’est pas à croire que des situations parfaitement identiques se retrouvent jamais à deux moments différents du temps, ni qu’une courbe d’évolution soit jamais d’une régularité parfaite.

L’histoire et la science économiques ont pour raison d’être principale de servir à l’art économique ; leur étude, toutefois, peut se justifier encore par les satisfactions qu’elles procurent à notre curiosité. L’activité économique tient une place trop grande dans la vie humaine pour que nous ne prenions pas un intérêt très vif à tout ce qui s’y rapporte. D’une manière plus particulière, l’histoire économique satisfait notre curiosité en tant que celle-ci est attirée par la diversité des faits : nous avons plaisir à savoir comment est constitué cet énorme organisme que la société humaine forme, au point de vue économique, et à la vie duquel nous contribuons pour notre petite part ; nous avons plaisir à connaître les occupations, les conditions différentes des hommes de notre temps, et de ceux qui nous ont précédés. La science, de son côté, en unifiant les faits, contente notre esprit, épris aussi d’uniformité et de simplification ; en expliquant ce que l’histoire se borne à constater, elle satisfait notre besoin de com prendre.

5. Leurs rapports. Science et histoire. — Nous nous sommes appliqués, dans ce qui précède, à distinguer aussi nettement que possible l’histoire, la science et l’art économiques. Il nous faut voir maintenant jusqu’à quel point il est possible, dans la réalité, de séparer les catégories que nous avons établies, s’il n’y a pas entre l’histoire et la science économiques, d’une