Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/13

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quantitatif : elle ne doit pas seulement décrire, mais encore dénombrer. Il ne suffit pas, par exemple, d’indiquer les diverses organisations de la production qui peuvent se rencontrer dans une société donnée, et d’analyser leur fonctionnement : il faut dire l’importance numérique des différents types. Nous voyons coexister aujourd’hui la manufacture, la fabrique, l’atelier à domicile : n’est-il pas nécessaire que nous sachions quelle part chaque sorte d’organisation représente dans la production générale, quels sont les types qui se généralisent et quels sont ceux qui sont en régression ? Et dans certains ordres de faits, la mesure quantitative est presque tout : c’est pour ainsi dire ne rien nous apprendre que de nous parler d’une hausse des salaires qui aurait eu lieu dans une certaine période ; nous voulons connaître la courbe exacte des variations que ces salaires ont subies.

2o Si l’histoire s’attache aux faits, la science recherche les lois. Celle-là considère le particulier, celle-ci poursuit la vérité générale. C’est ainsi du moins que Socrate, Platon et Aristote ont défini la science : et il faut, si l’on veut que les mots aient un sens précis, s’en tenir à leur définition.

La science économique est appelée quelquefois du nom d’économique, ce mot étant pris ici dans un sens étroit. On parle aussi de théorie économique, d’économie politique théorique ; cela spécialement quand il s’agit de ces investigations scientifiques où la déduction joue un grand rôle.

Parmi les lois que la science économique a pour mission de rechercher, il convient de distinguer des lois statiques et des lois dynamiques. Les premières énoncent des rapports de causalité entre tels phénomènes donnés dans un moment déterminé du temps et tels autres phénomènes. Les lois dynamiques énoncent des rapports de causalité entre les variations de certains phénomènes dans le temps et celles de certains autres phénomènes qui sont sous la dépendance de ceux-là.

On évitera de confondre avec les lois dynamiques, que nous venons de définir, ce qu’on appelle parfois du nom de lois d’évolution ou de lois de développement. On parle, par exemple, d’une « loi de diversification » qui voudrait que la division du travail devînt toujours plus grande ; on parle encore de la loi de la baisse de l’intérêt. Mais il n’y a pas ici de lois véritables. Observer que la division du travail va croissant, que l’intérêt baisse, c’est connaître des vérités historiques, non scientifiques.

3o L’art économique, comme tous les arts, a un objet non plus théorique, mais pratique. L’art utilise les connaissances historiques ou scientifiques pour la réalisation des fins que nous pouvons nous proposer. Il les met au service soit de tels ou tels intérêts particuliers, soit de tels ou tels intérêts collectifs. Supposons que l’on se préoccupe de faire disparaître le paupérisme. L’histoire économique nous apprendra quelle est l’étendue,