Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/150

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traire, si on s’attache aux échanges qu’elles impliquent. Il n’y a là, en définitive, qu’une différence de point de vue.

Jetons un coup d’œil d’ensemble sur les diverses définitions qui viennent d’être examinées. Toutes, ainsi qu’on l’a vu, s’inspirent de la considération de quelque intérêt supra-individuel. Or, il est à remarquer que l’idée des intérêts supra-individuels — de l’intérêt national, par exemple, ou de l’intérêt social — n’a rien à faire dans la partie théorique de l’économique. Pour comprendre les phénomènes économiques, ce qu’il est nécessaire de considérer, ce sont ces utilités — ces valeurs d’usage, plutôt — que les hommes créent, qu’ils se fournissent les uns aux autres. Ce n’est que dans la partie pratique de l’économique — qui logiquement est postérieure à celle-là — , ce n’est que lorsqu’il s’agira de juger les résultats de l’activité économique des hommes que l’idée de l’intérêt national ou celle de l’intérêt social pourront s’introduire, que l’on pourra se préoccuper de savoir si telle sorte d’activité économique est utile ou non pour la nation ou pour la société, si elle est plus ou moins utile que telle autre, si elle s’exerce dans le sens de la plus grande utilité nationale ou sociale, etc. Si donc on veut que le concept de la production figure parmi les concepts de l’économique théorique, parmi les concepts fondamentaux de l’économique, il faut qu’elle n’implique l’idée d’aucun intérêt supra-individuel : il faut la définir, comme nous avons fait, au moyen de l’idée de biens, ou de valeur d’usage.


II. — Le travail comme facteur de la production

1. Les différentes sortes de travaux.

68. Le rôle du travail dans la production. — Parmi les facteurs qui jouent un rôle dans la production, le travail est celui qui doit être mis en tête. La production, avons-nous dit, c’est l’ensemble des actes par les quels les hommes « créent » des biens, soit pour les consommer eux-mêmes, soit pour les céder à d’autres. La production, ainsi définie, implique toujours un travail, puisque le travail n’est pas autre chose que l’activité de l’individu se déployant pour atteindre un but intéressé : le « phénomène » lui-même qui gagne sa vie à s’exhiber dans les foires — et qui est un « producteur », puisqu’il fournit des « services » à ceux qui vont le voir — « travaille » à sa manière. Aucun autre facteur, cependant, n’intervient d’une manière universelle dans la production. Et quand même il en irait autrement, c’est au travail qu’il faudrait donner la première place parmi les facteurs de la production, pour cette raison qu’il représente dans la production la part de l’homme, et que