Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/196

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-sognes productives dans les différents pays, et si cette proportion tend à s’élever ou à s’abaisser. Les statistiques, là-dessus, sont insuffisantes, et il n’y a que trop peu de temps qu’on s’inquiète d’en dresser. En Allemagne, il y avait en 1882, sur 1.000 individus travaillant, 20,1 enfants de moins de 15 ans, et 163 jeunes gens ayant plus de 15 ans et moins de 20 ; en 1895, sur 1.000 individus travaillant, on avait 9,79 enfants de moins de 14 ans, et 205,3 jeunes gens entre 14 et 20 ans. En 1895 encore, on comptait en Allemagne, parmi les enfants au-dessous de 14 ans, une proportion de 12,7 0/00 enfants travaillant, et la proportion était de 72 % pour les jeunes gens de 14 à 20 ans. Dans certains centres industriels de la Silésie et de la Saxe, parmi les enfants dans l’âge scolaire, la majorité étaient employés dans l’industrie[1]. Il est à croire d’ailleurs — et à espérer — que dans tous les pays civilisés la législation de plus en plus retardera l’âge de rem- ploiement.

Il y aurait lieu de répéter au sujet du travail des femmes plusieurs des remarques que nous avons faites au sujet du travail des enfants. Comme le travail des enfants, le travail des femmes paraît devoir au premier abord augmenter la richesse publique. Mais — sans aller chercher d’autres con sidérations — l’emploiement des femmes, en empêchant celles-ci de s’occuper de leur ménage, de leurs enfants, ne sera-t-il pas en définitive, même au point de vue strictement économique de la production, plus dommageable qu’utile à la collectivité ? Le travail des femmes a, à de certains égards, à peu près la même histoire que celui des enfants : il s’est généralisé à la même époque. Mais tandis que le travail des enfants, dans certains pays, a été interdit jusqu’à un certain âge, en attendant que des interdictions nouvelles interviennent. le travail des femmes a été seulement réglementé, et il n’est pas à attendre qu’on y mette des empêchements législatifs. Dans ces conditions, on voit l’emploiement des femmes prendre de plus en plus d’extension. En France, le dénombrement de 1896 indique que sur 19. 500. 000 femmes environ, 6.382.658 se livraient, à cette date, à un travail lucratif, cependant qu’il y avait 12.061.121 travailleurs hommes ; il y avait à Paris 620.000 travailleuses contre 845.000 travailleurs. Eh Allemagne, en 1895, 24,96 0/0 de la population féminine étaient em ployés à des travaux lucratifs, cependant que la proportion pour la population masculine était de 61,13 0/0. De 1882 à 1895, le nombre des femmes travaillant a crû dans l’empire allemand dans la proportion de 18,71 %, tandis que le nombre des hommes travaillant ne s’élevait que dans la pro portion de 15,78 %.

  1. Ces renseignements sont empruntés à Stieda, article Jugendliche Arbeiter du Handwörterbuch der Staatswissenschaften (t. IV).