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souvent ces derniers monopoles naturels. Il convient plutôt, semble-t-il, de les diviser en naturels et en artificiels : les monopoles naturels seraient ceux qui s’établissent sans qu’aucune entente ait été nécessaire pour cela, et les monopoles artificiels, ceux qui sont nés d’une entente conclue à cet effet entre deux ou plusieurs particuliers.

Les monopoles économiques — nous les appellerons ainsi — peuvent être divisés d’une autre manière encore.

Il en est qui tiennent à ce que les monopoleurs soient seuls à posséder une certaine sorte de biens. On a un monopole de cette espèce, par exemple, si on est propriétaire de toutes les mines qui donnent un certain métal.

Il y a des monopoles économiques, d’autre part, qui sont dus à la supériorité économique des monopoleurs, laquelle leur a permis d’éliminer leurs rivaux, ou empêche que des rivaux puissent se dresser contre eux. Cette supériorité, au reste, peut provenir elle-même des causes les plus diverses.

3o Il y a des monopoles qui s’étendent au monde entier, et qu’on peut appeler monopoles mondiaux — ou du moins il peut y en avoir —, et il y en a qui sont régionaux ou locaux.

4o Il y a des monopoles qui sont tels que le monopoleur n’a pas à craindre, de quelque manière qu’il fixe ses prix, de voir surgir des concurrents, et il en est d’autres qui ne subsistent qu’autant que le monopoleur n’élève pas ses prix au-dessus d’un certain niveau. On peut parler ici de monopoles parfaits ou absolus et de monopoles imparfaits ou relatifs.

149. Avantages et inconvénients respectifs de la concurrence et du monopole. — Quels sont les avantages et les inconvénients respectifs de la concurrence et du monopole ? Lorsqu’on étudie cette question, on ne doit jamais perdre de vue ce qu’on pourrait appeler la coexistence universelle ou même la pénétration mutuelle de ces deux catégories économiques. Si l’on s’en tient cependant à une vue sommaire des faits, et si, d’une manière quelque peu arbitraire, on oppose la concurrence et le monopole l’un à l’autre comme deux choses tout à fait distinctes, alors on pourra dire, en faveur de la concurrence, qu’elle abaisse les prix, et qu’elle stimule le progrès pour ce qui est de la production.

La concurrence abaisse les prix ; elle profite par là aux consommateurs ; et elle profite aussi, à prendre les choses en gros, à la collectivité tout entière : car à cet abaissement des prix correspond une extension de la production, et dans l’ensemble de l’économie, l’établissement d’un équilibre des diverses branches de la production qui par rapport à la distribution existante des richesses, et avec des réserves d’ailleurs importantes, est socialement le meilleur[1].

  1. Il est impossible d’approfondir davantage, pour l’instant, la question que nous rencontrons ici. Cette question sera reprise plus loin, dans l’Appendice I, section 1.