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miné. L’art économique peut nous servir à atteindre des fins arbitrairement choisies. Mais demandons-lui de nous aider à atteindre la fin rationnellement la meilleure, la fin morale ; et supposons, par exemple, que cette fin soit la « maximisation » du bonheur chez l’ensemble des êtres sensibles. Cet art alors devra nous apprendra comment il faut que la collectivité agisse, comment il faut que les particuliers agissent pour que le bonheur général soit accru le plus possible. Et ce faisant, il ne nous apprendra pas autre chose que ce qui constitue la morale économique.


V. — Histoire de l’économique

13. Sa constitution tardive. — Il ne saurait être question de donner ici une histoire tant soit peu complète de l’économique, et nous ne pouvons que renvoyer aux ouvrages spéciaux ceux qui voudraient connaître cette histoire dans le détail[1]. Il convient cependant que nous présentions une esquisse du développement historique de l’économique, et que nous essayions d’indiquer l’état présent des études économiques.

C’est depuis peu de temps relativement que les phénomènes économiques sont devenus l’objet de recherches approfondies et variées, et que l’économique s’est véritablement constituée comme une branche du savoir humain. Comment convient-il d’expliquer la chose ?

On a représenté quelquefois que le progrès des études économiques avait été retardé longtemps par le fait que l’on n’avait pas, jadis, la notion de lois régissant l’activité des hommes et ce qui s’y rapporte. Il est certain que l’on a cru jusqu’à une époque très récente, et que beaucoup de gens croient encore à une différence radicale entre le monde « moral » et le monde physique, dont l’un — le dernier — serait soumis à une néces-

  1. Mentionnons l’Histoire des doctrines économiques d’Espinas, un peu sommaire, et qui ne parle pas de la période tout à fait contemporaine, l’Histoire de l’économie politique d’Ingram (A history of political economy, Edimbourg, 1888 ; trad. fr., Paris, 1893), l’Introduzione (Histoire des doctrines économiques) de Cossa, déjà citée, où l’on trouve beaucoup de noms, de dates et d’indications bibliographiques, l’Histoire des systèmes économiques et socialistes de Denis (Paris, Giard et Brière, t. I et II, 1904-07 ; de Quesnay à Thompson, le Précis de l’histoire des doctrines économiques de Dubois (Paris, Rousseau, t. I, L’époque antérieure aux physiocrates, 1903), et la Geschichte der Nationalökonomie d’Oncken (Leipzig, Hirschleld, t. I, Die Zeit vor Adam Smith, 1902). A qui voudra lire les auteurs eux-mêmes — et il est nécessaire d’en venir là si on se propose d’étudier sérieusement l’histoire des doctrines, — nous signalons la Collection des principaux économistes (Paris, Guillaumin), la Biblioteca dell’economista (Turin, Unione tipografico-editrice), et la Sammlung soiialwissenschaftlicher Meister (Iéna, Fischer).