Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/311

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est-elle cultivée ici selon une méthode extensive — c’est-à-dire une méthode n’exigeant relativement que peu d’avances — , et là au contraire selon une méthode intensive ?

Dans une pareille matière, la routine sans doute joue un très grand rôle. Beaucoup de paysans, notamment, ne savent ou ne veulent faire autre chose que de cultiver les plantes que cultivaient leurs pères ? et avec les mêmes procédés que ceux-ci. Mais la routine, par tous pays, perd du terrain de plus en plus.

Pour autant que les agriculteurs connaissent leur intérêt, il apparaît que nos questions ne comportent pas une réponse simple, qu’il y a une multiplicité de facteurs qui agissent ici. Voici quels sont les principaux.

1° Le climat. Il y a des pays où en raison de la température, de l’excès de sécheresse ou d’humidité des vents, certaines plantes ne viennent pas ; ces mêmes plantes cependant prospéreront dans d’autres pays.

2° La nature du terrain. Certaines plantes aiment les terrains secs, d’autres les terrains humides ; certaines demandent un sol calcaire, d’autres un sol riche en potasse ; etc.

Les facteurs précédents sont des facteurs qu’on peut appeler naturels ; ceux qui vont suivre sont des facteurs économiques.

3° Le prix des différentes denrées sur le marché.

4° Le coût de la main-d’œuvre. L’agriculteur cherche, comme tous les entrepreneurs, à réaliser les bénéfices les plus élevés possible, à porter au maximum son produit net, autrement dit l’excédent de son produit brut sur ses frais. Dans ces frais, les dépenses en main-d’œuvre représentent un élément important ; ce n’est guère que le petit propriétaire cultivant son champ lui-même sans occuper aucun travailleur salarié qui pourra, dans de certaines limites du moins, ne pas tenir compte de la quantité plus ou moins grande de main-d’œuvre que les cultures exigent, en sorte qu’on le verra souvent s’imposer un labeur accablant pour n’augmenter que de peu ses recettes. La conséquence, c’est que là où la main-d’œuvre est bon marché on ne craindra pas d’en employer beaucoup ; là au contraire où elle est chère, on l’économisera le plus possible, soit en recourant aux machines, soit en cultivant de ces plantes dont la culture est extensive, soit encore en adoptant, pour la culture de plantes déterminées, les méthodes extensives. C’est ainsi que la culture la plus intensive est pratiquée dans l’Extrême-Orient chinois et japonais, où le prix de la main-d’œuvre est très bas, ce pendant qu’aux États-Unis, où les salaires sont très élevés, on pratique une culture extensive et on se sert beaucoup de machines.

5° L’éloignement par rapport au marché. Nous savons qu’il faut l’en tendre non pas dans le sens géographique, mais dans un sens économique, et que l’éloignement du marché, au point de vue économique, se mesure