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3. Les forêts (1).


164. — L’économie forestière, encore qu’il y ait lieu, comme nous l’avons dit, de la rattacher à l’agriculture, mérite cependant d’être considérée à part.

On connaît assez l’importance des forêts. Elles ont, en premier lieu, une utilité extra-économique, nous voulons dire par là une utilité qui ne se traduit pas, normalement du moins et d’une manière directe, par un gain pour celui qui les possède : la présence, dans une région, de bois suffisamment étendus égalise la température, augmente la quantité de pluie qui tombe, régularise le débit des sources, etc. Les forêts, d’autre part, donnent des produits à leurs propriétaires. Elles produisent du bois ; on y fait du charbon ; on y conduit, parfois, des bêtes à la pâture ; on y chasse ; on y recueille de la résine, s’il s’agit de forêts de pins ; etc.

C’est le bois qui, depuis longtemps, est le principal des produits de la forêt. Il est employé comme combustible ; il sert pour construire des habitations, pour fabriquer des meubles ; il est la matière première de beaucoup d’industries : on le transforme en papier, on en extrait de l’alcool, etc. Dans ces divers emplois, on a trouvé pour le bois des substituts ; s’il n’en avait pus été ainsi, d’ailleurs, nombre d’industries n’auraient pas pu prendre le développement qu’elles ont pris. On a calculé que les 95 millions de tonnes de houille et de lignite brûlées en Allemagne en 1893 équivalaient à 228 millions de tonnes de bois ; or les forêts allemandes ne donnent chaque année que quelque 22 millions de tonnes de bois : et cependant ces forêts couvrent près de 15 millions d’hectares, plus du quart du pays. Mais malgré la découverte de tous ces substituts du bois, celui-ci n’est pas consommé en moins grande quantité : en Allemagne, entre 1872 et 1898, celte consommation a monté de 4G millions de Festmeter à 5" ; par tète d’habitant, tandis que la consommation de houille et de lignite montait, entre la période 1872-75 et 18 !I6, de 1,06 tonne à 2,15, la consommation de bois à brûler descendait de 0,77 fm. à 0,63, et les autres con sommations de bois montaient de 0,37 fm. à 0,41. Et la question a été sou levée de savoir si, étant donné que la production du bois ne saurait être accrue comme tant d’autres, l’humanité n’aura pas à souffrir, dans un avenir prochain, d’une insuffisance de cette production.

Par sa technique, la production forestière apparaît comme très différente


Voir dans le Handbuch de Schönberg, au t. I de la 2e partie, l’article Forslwirtschaft, par Helfericli et Graner, et dans le Handwörterbuch. au t. 111, l’article ^orslen, par Kndres. C’est de ces deux articles, sauf indication contraire, que nos données statistiques sont tirées. Cf. encore Conrad, Grundriss, IV, II. chap. S.