Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/36

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produit auparavant : les doctrines qui avaient eu quelque fortune, en particulier les doctrines mercantile et physiocratique, y sont discutées ; de la littérature économique antérieure, Smith a su extraire à peu près tout ce qui méritait d’être conservé : en sorte que celui qui étudie l’histoire de l’économique, non point poussé par une curiosité purement historique, mais pour s’instruire de l’économique elle-même, peut sans grand inconvénient commencer par Smith la lecture des auteurs. Et en même temps on peut dire que des problèmes que l’économique discute aujourd’hui, il en est peu que Smith n’ait pas abordés.

Smith n’a pas eu seulement le mérite de connaître et de comprendre les théories émises avant lui, et le mérite plus grand encore d’étudier avec une curiosité toujours en éveil et une intelligence éminemment ouverte presque tout l’ensemble des problèmes économiques. Il a su employer à la fois, dans cette étude, les diverses méthodes qui peuvent servir à les résoudre. C’est à tort que Smith est regardé parfois comme un auteur exclusivement déductif. Ceux qui le jugent ainsi le voient à travers les œuvres de certains des économistes qui se sont réclamés de lui. À qui prend la peine de le lire, Smith apparaît très bien informé de la diversité historique des phénomènes économiques ; et l’on constate qu’il travaille à l’ordinaire sur des faits concrets qu’il a observés.

Pour ce qui est des résultats auxquels Smith a été conduit par ses investigations théoriques, on a pu dire qu’ils manquaient souvent de précision, que Smith avait accueilli trop facilement, même, des idées quelque peu contradictoires. Il est certain que Smith avait un esprit plus compréhensif que systématique, plus clair que rigoureux. Mais ce qui fait la faiblesse intrinsèque de son œuvre scientifique a accru l’importance historique, l’influence de cette œuvre. Les théories les plus diverses sont issues d’elle : pour les grandes questions de la science, il n’est pas de solution peut-être que l’on n’ait trouvée indiquée chez Smith, ou qui n’ait été suggérée par lui.

Notons enfin que Smith n’a pas été uniquement un théoricien. Smith est préoccupé avant tout des questions pratiques. Et ces questions il les résout, à prendre les choses en gros, dans le sens libéral, comme le voulaient les nécessités de son temps. Ici encore, cependant, Smith se montre tout le contraire d’un esprit absolu.

Smith est le fondateur de l’école classique. Les deux auteurs les plus éminents de cette école, après lui, sont Malthus et Ricardo.

Malthus (1766-1834) a eu le mérite, dans son Essai sur le principe de la population (1798-1803)[1], de faire ressortir l’importance de la grande

  1. Dans l’édition de 1798, cet Essai n’a guère que les proportions et l’allure d’un pamphlet. Dans l’édition de 1803, on retrouve la même thèse, mais développée, et enrichie d’illustrations historiques et statistiques nombreuses.