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croissement de la somme du bien-être. S’agit-il du crédit de production ? Il est beaucoup de gens qui n’ont pas la possibilité ou qui n’ont pas la volonté défaire fructifier dans des entreprises à eux les capitaux qu’ils possèdent, soit qu’ils en aient trop, soit qu’ils n’en aient pas assez, soit que leur âge, leur sexe, leur profession, leur humeur les empêche. Et il en est d’autres qui, n’ayant pas de capitaux propres, seraient en mesure cependant, s’ils en avaient, d’employer ces capitaux lucrativement. Le crédit productif, met tant les capitaux de ceux-là aux mains de ceux-ci, aura pour effet de développer la production. D’une manière générale, le crédit rend possible une meilleure utilisation des capitaux, comme les échanges ordinaires rendent possible une meilleure utilisation des produits.

197. La banque organe du crédit. — Parmi ceux qui s’occupent du crédit professionnellement, les banquiers sont les principaux. Leur histoire est ancienne[1].

Il a existé des banquiers déjà dans l’ancienne Chaldée, 23 siècles avant notre ère. Il en a existé dans la Grèce antique et à Rome. La banque prend un développement notable, en même temps que le commerce, dans la fin du moyen âge et le commencement des temps modernes, en Italie surtout et dans les ports du Nord : l’industrie de la banque est exercée, plus seulement par des individus, mais par des compagnies. Puis après la constitution des grands États, avec l’augmentation de leurs dépenses et de leurs besoins d’argent, ce sont, au XVIIe, au XVIIIe siècle et au commencement du XIXe siècle, les grandes banques d’émission qui se fondent, bénéficiant plus ou moins de l’appui des gouvernements, mais subissant plus ou moins d’autre part leur contrôle. Mais c’est au cours du XIXe siècle surtout que les banques devaient prendre une très grande importance dans l’ensemble de l’économie ; cette importance s’explique, avant tout, par le rôle considérable que le capital joue maintenant dans la production, et plus particulièrement par la multiplication des sociétés par actions et par la concentration de la production, laquelle pour tant d’entreprises exige l’emploi de très gros capitaux.

La banque, comme on va le voir, est l’intermédiaire du crédit. Est-il à croire que dans l’avenir cette importance de la banque, intermédiaire du crédit, diminuera comme paraît devoir diminuer celle du commerce, intermédiaire des échanges ordinaires ? Il ne semble pas. Les opérations de crédit, en effet, diffèrent en plusieurs points des affaires proprement commerciales.

  1. Sur l’histoire du crédit et des banques jusqu’à l’époque contemporaine, voir Schmoller, Grundriss, §§ 194-195 trad. fr., t. III), et dans le Handwörterbuch les articles groupés sous la rubrique Banken, Geschichte und gegentwärtiger Stand des Bankwesens (t. II) ; voir encore Conant, Monnaie et banque, Iiv. V, chap. 1 et passim (trad. fr., t. II).