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1o un producteur n’a pas besoin de connaître le consommateur qui lui achète sa marchandise, du moins quand celui-ci paie au comptant ; si donc le producteur réussit à se mettre en rapport direct avec le consommateur, ce sera tout avantage pour lui. Mais celui qui fournit le crédit a besoin de savoir jusqu’à quel point il peut avoir confiance dans l’individu, dans la société avec qui il traite : et la connaissance de ceux qui demandent du crédit se trouvera bien plutôt chez un banquier, spécialisé professionnellement dans les affaires de crédit, que chez un capitaliste quelconque.

2o D’autre part, ce sont souvent de très gros capitaux qu’il faut à ceux qui demandent le crédit ; or les capitalistes, à l’ordinaire, ou ne peuvent pas, ou par prudence ne veulent pas engager de fortes sommes dans une seule affaire : pour cette raison encore un intermédiaire se rendra très utile qui empruntant leurs capitaux, sous une forme ou sous une autre, aux capitalistes — lesquels ne verront pas d’inconvénient à les leur confier —, pourra ensuite, pour son compte personnel, mettre ces capitaux à la dis position de ceux qui les demandent.


2. Les opérations de banque[1].


198. Opérations passives. — Nous avons dit que les banques étaient, avant tout, des intermédiaires du crédit. Elles demandent du crédit d’un côté, et elles en donnent de l’autre. On distinguera donc, parmi celles de leurs opérations qui se rapportent au crédit, des opérations passives et des opérations actives.

Parmi les opérations passives, il en est deux principales : la réception des dépôts et l’émission des billets de banque.

1o Les dépôts. — La réception des dépôts n’a pas toujours été une opération passive. Il fut un temps où les banques, au contraire, se faisaient payer un droit de garde pour les fonds qui étaient déposés chez elles. N’employant pas ces fonds, ne fallait-il pas qu’elles fussent rémunérées pour les frais et pour les risques qu’on leur imposait ? Ainsi aujourd’hui les banques perçoivent un droit pour les litres qu’on leur confie, la garde de ces titres ne représentant pour elles qu’une charge. Mais pour ce qui est de l’argent, à l’exception de la Banque de France et de la Banque d’Angleterre, lesquelles ne servent aucun intérêt aux déposants, les banques paient un intérêt à ceux qui leur en apportent. Cet intérêt au reste varie selon que le dépôt de l’argent est fait pour plus ou moins de temps ; et il

  1. On peut consulter sur cette question Les opérations de banque, par Courcelle-Seneuil, liv. II ; cf. encore Les banques de dépôt, les banques de crédit et les sociétés financières, par Sayous, Paris, Larose, 1901 (1re partie).