Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/388

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dépôts et d’acceptations s’élevaient pour ces deux établissements respectivement à 512 et à 1.789 millions[1]. À la différence des autres grandes banques, la Banque de France ne prend aucune part à la direction de l’activité industrielle et commerciale du pays, et n’a aucune influence sur l’emploi que celui-ci fait de ses épargnes.

La Banque d’Angleterre[2] a perdu de son importance, dans l’époque contemporaine, plus encore que la Banque de France. Soumise, au point de vue de l’émission, à une réglementation très sévère par la loi de 1844, elle a une circulation de billets qui, au 31 décembre 1900, n’atteignait pas 750 millions, et une encaisse qui à cette même date dépassait de peu cette même somme[3]. Cette réserve relativement faible fait que la Banque d’Angleterre ne domine pas à Londres, comme la Banque de France chez nous, le marché de l’escompte. Et pour ce qui est des dépôts, ils n’ont augmenté à la Banque d’Angleterre, entre 1840 et 1890, que de 263 %, tandis qu’ils augmentaient de 1.258 % dans les quatre plus grandes banques de Londres[4].

La Banque impériale, en Allemagne, défend mieux sa primauté. Fondée en 1875, administrée presque exclusivement par l’État, bien que les 180 millions de marks du capital aient été souscrits par des particuliers — ceux-ci reçoivent 3,5 % des bénéfices, et 1/4 de ce qui dépasse ce taux —, elle escomptait en 1900 38 % des effets allemands — la Banque de France, en 1891, escomptait 39 % des effets français — ; à la fin de 1905, elle avait 1.098 millions de marks d’effets en portefeuille, alors que les neuf principales banques de Berlin, réunies, en avaient 1.206 millions[5].

204. Banques de dépôts, etc. En France. — En somme, les grandes banques d’émission privilégiées, même là où elles étendent leurs opérations, perdent du terrain par rapport aux autres banques. Voyons donc, très sommairement, l’état présent de ces banques — nous voulons parler des banques de dépôts, d’escompte et d’affaires — dans les principaux pays.

Si nous considérons, en premier lieu, la France, le fait qui nous frappera, c’est le développement énorme pris, dans ces dernières années, par un certain nombre d’établissements du crédit. Ce fait, à la vérité, n’est point particulière la France. Par tous pays — encore qu’en des manières diverses — l’industrie de la banque va se concentrant[6]. Elle va se concentrant pour des raisons quelque peu différentes de celles qui produisentQ

  1. Cf. le Temps du 6 janv. 1908.
  2. Fondée en 1694.
  3. Statistisches Jahrbuch, p. 58*.
  4. D’après Schmoller.
  5. D’après Schmoller, et Raffalovich, Le marché financier, 1905-06 (Paris, Guillaumin, 1906), pp. 429, 430.
  6. Sur la concentration des banques dans notre époque, lire Conant, Monnaie et banque, liv. V, chap. 7 (trad. IV., t. II).