Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/387

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à leur administration les condamne à une politique extrêmement prudente, voire même prudente à l’excès.

Considérons particulièrement quelques-unes des grandes banques d’émission du monde.

La Banque de France, fondée en 1800, a dans notre pays le privilège exclusif de rémission dus billets. Elle en peut émettre, de par la loi de 1906, pour 5.800 millions. Mais ses affaires sont rigoureusement limitées à un petit nombre d’opérations que la loi indique, et pour l’accomplissement de ces opérations mêmes la loi met des conditions restrictives. La Banque de France peut faire le commerce des matières d’or et d’argent. Elle escompte les effets de commerce dont l’échéance n’excède pas trois mois et qui sont souscrits par trois personnes notoirement solvables. Elle se charge de l’encaissement des effets. Elle reçoit les sommes que viennent déposer les particuliers et les établissements publics, et ouvre des comptes courants, mais sans donner aux déposants aucun intérêt. Elle fait des avances sur transfert de certains titres très sûrs. Ajoutons que le gouverneur et les sous-gouverneurs de la Banque sont nommés par l’État.

En 1905, les comptes courants de la Banque de France s’élevaient en moyenne, pour le Trésor, à 4.101, 2 millions aux versements et à 4.461.2 aux paiements ; pour les particuliers, à 98.382, 3 millions aux versements et à 98.318, 7 aux paiements. En 1906, le montant total des versements et des paiements était de 216.041 millions. Le nombre des effets escomptés s’élevait à 20, 4 millions, faisant 10.908 millions de francs, et le porte feuille moyen était de 640, 5 millions. Les avances sur titres s’élevaient à 2.657 millions. Le mouvement de caisse, enfin, atteignait 243.029 millions[1].

La Banque de France joue, parmi les banques françaises, un rôle spécial, et à de certains égards elle est au premier rang de ces banques. Sa formidable encaisse métallique — 3.622 millions au 30 novembre 1907 — constitue la garantie dernière de toute la circulation fiduciaire du pays et met la Banque en situation d’exercer une influence modératrice sur le taux de l’escompte, de régler tout le mouvement des affaires de crédit. La Banque de France, comme nous l’avons dit, est la banque de nos autres banques. Mais sous certains rapports elle se trouve aujourd’hui distancée, ou elle est menacée d’être distancée. Nous voyons, par exemple, qu’au 30 novembre 1907, tandis que son portefeuille commercial était de 1.255 millions, celui du Crédit lyonnais atteignait 1.112 millions ; à la même date, les avances sur garanties et reports se montaient pour la Banque de France à 586 millions, à 271 pour le Crédit lyonnais ; les comptes courants de

  1. D’après l’Annuaire statistique de 1905, pp. 56’ et 58’, et la chronique financière du Temps, 25 fév. 1907.