Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/430

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stock que la production qui se continue — surtout si l’on tient compte de la diminution perpétuelle de ce stock par l’usure — ne saurait accroître que lentement.

3° Ils sont divisibles, et en telle sorte que les pièces en lesquelles on les divisera auront toujours une valeur proportionnelle à leur grandeur. Uns bête, comme nous l’avons dit, ne peut pas être partagée sans perdre beau coup de sa valeur ; une peau non plus, ni non plus une pierre. Il en va autrement pour les métaux, en raison de la possibilité que l’on conserve, les ayant divisés, de fondre les morceaux en une seule masse. Les métaux pourront donc servir aux échanges, en quelque quantité que soient offerts ou demandés les biens qu’ils devront acheter.

4° Ils sont homogènes. Un morceau de fer ou d’or pur est identique à un autre morceau de fer ou d’or : ainsi, quand on connaît la valeur de l’un, on connaît par là même la valeur du deuxième, et de tous les autres.

5° Ils sont aisément reconnaissables. On distinguera sans peine une monnaie d’argent d’une imitation en plomb, par exemple ; il est très difficile, au contraire, de distinguer une pierre précieuse véritable des imitations qui en peuvent être faites.

Ce sont ces qualités multiples que nous venons d’énumérer qui ont fait adopter presque partout les métaux comme monnaie. Tout d’abord, on a employé les métaux en lingots ; et on les pesait à chaque échange où ils intervenaient. Puis des commerçants, des banquiers connus jouissant delà confiance générale, des souverains et des autorités diverses ont fait circuler des pièces de métal d’un poids déterminé, ce poids — et le titre aussi du métal — étant attesté par une marque, par l’application d’un poinçon. Le poinçonnage, toutefois, ne donnait pas encore une garantie suffisante à ceux qui recevaient les pièces en paiement : car il n’empêchait pas que ces pièces pussent être rognées. Et de même pour les pièces de métal qu’on a pu faire circuler et qui avaient une forme déterminée. C’est pourquoi, sans doute, l’on en vint à frapper les monnaies : la monnaie frappée porte une empreinte qui en couvre toute la surface ; et par là, il devient tout à fait impossible de la rogner sans qu’on s’expose à se la voir refuser quand on la remettra en circulation. Il n’est pas besoin de faire remarquer que les métaux, en raison de leur malléabilité, se prêtent très bien à l’opération de la frappe, et que leur dureté leur fait conserver indéfiniment, sans altération, l’empreinte qu’ils ont reçue.

Avec l’adoption générale des métaux comme monnaie unique, ou du moins comme monnaie principale, avec, surtout, l’invention de la frappe, se termine la période primitive de l’histoire de la monnaie. On dit même, quelquefois, que c’est là que l’histoire de la monnaie commence : certains auteurs, en effet, réservent le nom de monnaie aux pièces frappées et, d’une manière générale, à ces moyens de paiement dont l’apparence fait con