Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/431

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naître la valeur, et que l’on n’a pas besoin d’éprouver ni de peser, mais seulement de compter quand elles vous sont présentées en paiement.


3. Fonctions secondaires de la monnaie. Conséquences de l’emploi de la monnaie.


229. Les fonctions secondaires de la monnaie. — Nous avons envisagé la monnaie, jusqu’ici, dans sa fonction d’intermédiaire des échanges, et, d’une manière plus générale, de moyen de paiement. La monnaie remplit d’autres fonctions encore, qui sont dérivées de celle-là, qui s’y rattachent, du moins, très étroitement, mais qu’il est possible et nécessaire de distinguer d’elle. Ces fonctions secondaires peuvent être réunies sous les deux rubriques suivantes : mesure de la valeur, mobilisation de la valeur.

230. La monnaie comme mesure de la valeur. — La valeur ou valeur d’échange- -dont nous aurons à nous occuper au chapitre suivant — , c’est le pouvoir qu’a un bien d’être échangé contre telle quantité de tels et tels autres biens ; et c’est, encore, la raison de ces échanges.

La mesure de la valeur est quelque chose de particulier, qui diffère des autres mesures, comme la mesure des longueurs ou des surfaces ; et cela tient à certain caractère particulier que la valeur présente. Quand on parle de la longueur d’une planche, on parle d’une qualité intrinsèque — s’il est permis d’employer, ici, le mot qualité — de la planche en question ; et la mesure de cette longueur se fera par la comparaison avec une unité — le mètre — chez qui, également, la longueur est une qualité intrinsèque. La valeur, au contraire, est une qualité extrinsèque, elle exprime une pure relation ; et il en est ainsi, nécessairement, pour le bien qui représente l’unité de valeur comme pour les autres biens. On mesure la valeur de l’hectolitre de blé en le comparant à l’argent, par exemple : on dit que l’hectolitre de blé vaut 22 francs, soit 22 pièces d’argent d’un certain poids. Mais on ne connaîtra pas la valeur du franc d’argent par l’inspection de cette pièce : celte valeur du franc n’est rien d’autre que le pouvoir qu’il a d’acheter la vingt-deuxième partie d’un hectolitre de blé, et telles quantités encore de telles autres marchandises.

De ce qui précède, il résulte qu’il est très utile, pour mesurer la valeur des biens, de rapporter ces biens à un bien unique — ou à un petit nombre de biens — . Supposons qu’on veuille indiquer la hauteur d’un arbre : on pourra rapporter cette hauteur à la longueur de l’un quelconque des objets qui nous sont familiers — et qui ont une longueur suffisamment cons tante — ; on pourra dire que l’arbre mesure tant de fois la hauteur d’un