Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/50

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résultats et sur les conditions de l’induction, des illusions où l’on tombe très souvent, et qu’il importe de dissiper.

1° Premièrement, il faut bien se rendre compte que les lois établies inductivement, dans l’économique comme ailleurs, seront toujours des vérités abstraites ; elles ne peuvent être générales, elles ne peuvent être des lois par conséquent, qu’à ce prix. La « méthode inductive », comme toutes les méthodes scientifiques, est une méthode d’analyse : elle isole, pour les unir entre eux par un lien nécessaire, deux phénomènes qui ne sont pas donnés comme isolés, qui sont des aspects ou des parties d’un ensemble infiniment complexe. Les lois obtenues par l’induction, en conséquence, ne fourniront jamais une explication complète de la réalité concrète ; et elles ne permettront jamais de prévoir l’avenir avec certitude : car l’influence de la cause qu’elles considèrent pourra toujours être contrariée par l’influence d’autres causes.

2° La découverte des lois inductives, d’autre part, implique communément une hypothèse du savant. Ce n’est qu’exceptionnellement que le rapprochement fortuit de deux faits ou de deux séries de faits révélera au savant un rapport de causalité qu’il ne soupçonnait pas. À l’ordinaire, il faut pour découvrir de tels rapports les imaginer d’abord hypothétiquement ; c’est l’hypothèse qui suggère l’idée d’établir certains rapprochements, lesquels la vérifieront ou en établiront au contraire la fausseté.

3° L’induction enfin suppose — et c’est là une remarque qui se rattache étroitement aux précédentes — une élaboration préalable des concepts de la science. La loi scientifique unit des abstractions ; mais comment formerons-nous celle-ci ? la chose est loin d’être indifférente. Selon que nous découperons la réalité concrète de telle ou telle manière, nous serons amenés à formuler des lois plus ou moins importantes pour la compréhension des faits et pour la pratique. Et ces concepts que la «connaissance vulgaire », comme on l’appelle, nous fournit ne sont point tels, sous ce rapport, que nous puissions nous en contenter : ils correspondent trop souvent à des apparences extérieures dont l’étude ne présente que fort peu d’intérêt ; sans compter que le contenu n’en est pas rigoureusement délimité, et qu’il peut en être donné, bien des fois, plusieurs définitions simultanées. Mais une détermination meilleure des concepts et des problèmes implique nécessairement des anticipations hypothétiques sur les résultats que la recherche scientifique donnera.

Attachons-nous particulièrement aux conditions dans lesquelles l’économiste se trouve quand il veut faire des inductions, et voyons les facilités que lui donnent, pour induire, les différentes sortes d’observations que nous avons indiquées plus haut.

L’observation des faits simples isolés n’aura une utilité véritable, à cet égard, que lorsqu’elle portera sur des faits tout à fait élémentaires. Mais