Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/597

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tous les biens que les autres terres peuvent produire ; elle n’implique même pas que deux terres prises au hasard doivent avoir nécessairement, parmi les produits qu’elles peuvent donner, un produit commun. Elle existera dés lors que parmi les produits de chaque terre il y en aura un au moins qui pourra être obtenu sur au moins une autre terre, et que par ces possibilités de substitutions des rapports, même indirects, s’établiront entre toutes les terres. Mais imaginons une terre, un fonds quelconque qui soit seul à pouvoir donner un certain produit : la rente qu’on tirera de ce fonds, si l’on eu tire une, ne saurait être ni une rente absolue, ni une rente différentielle.

2° Notre deuxième observation a trait particulièrement aux rentes différentielles. Pour qu’une rente puisse être appelée différentielle, il ne suffit pas que le fonds sur lequel elle naît soit en concurrence avec d’autres : il faut encore qu’on adopte un principe pour la mesure de la productivité de ces fonds qui sont en concurrence, pour la comparaison des rentes. De ce qu’une terre A procure à son propriétaire une rente annuelle de 1.000 francs, alors que la rente de la terre B est seulement de 500 francs, il ne s’ensuit pas nécessairement que la rente de la terre A soit, pour partie tout au moins, une rente différentielle. On ne pourra parler de rente différentielle qu’autant qu’on aura rapporté les rentes à une certaine unité. Cette unité, au reste, peut être telle ou telle. Quand il s’agit des terres, on prend volontiers pour unité une mesure de superficie : il y a rente différentielle, ainsi, quand une terre, à superficie égale, rapporte plus à son propriétaire qu’une autre. Mais on peut très bien prendre un autre principe de comparaison : on pourra dire, par exemple, qu’une terre donne une rente différentielle à son propriétaire si on y obtient, par rapport aux dépenses d’exploitation, un rendement supérieur à celui d’autres terres.

342. Comment la rente se détermine. — Dans noire analyse de tantôt, nous avons supposé que les dépenses d’exploitation de chaque fonds étaient rigoureusement déterminées — nous avons même supposé que pour une même classe de fonds elles demeuraient les mêmes d’un fonds à l’autre — ; et alors, le rendement de ces dépenses ne pouvant pas manquer d’être lui aussi rigoureusement déterminé, il s’ensuivait que chaque fonds n’était susceptible de donner qu’une rente à son propriétaire. Dans la réalité, il en va tout autrement. Pour chaque fonds il est, peut-on dire, un nombre infini de manières d’organiser l’exploitation. Soit une terre d’une certaine étendue : on peut dépenser pour la mettre en valeur des sommes infiniment variées de capital et de travail ; et à chaque dépense pour laquelle on se décidera correspondra un certain rendement, par con séquent une certaine rente.

Veut-on savoir, dès lors, comment la rente se déterminera pour telle ou telle classe de fonds ? Il faut appliquer à ces fonds des « doses » successives