Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/606

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l’agriculture, la hausse du prix des denrées agricoles n’iront pas sans faire reculer la marge de la culture : d’où des conséquences nouvelles, dans l’examen desquelles nous n’entrerons pas. Que si, en deuxième lieu, nous avons affaire à des progrès de la technique qui ne changent pas le pro duit, la rente montera encore tout d’abord ; mais elle montera moins, parce qu’une seule des deux causes que nous indiquions ci-dessus — à savoir l’accroissement de l’écart entre les dépenses productives et le produit — entrera en action. Que si, enfin, nous considérons des progrès techniques qui augmentent le produit, il est impossible de formuler une proposition générale : car la baisse des prix qui résultera de l’augmentation de la production pourra, selon les cas, modifier de façons très diverses la valeur de celle production.

4° Ce n’est pas seulement de l’avancement de la technique que la rente dépend ; c’est encore de la mesure dans laquelle cette technique est possédée et de la façon dont elle est appliquée par les agriculteurs, du savoir et de l’habileté professionnelle de ceux-ci. Imaginons une contrée où la population de la campagne, où les chefs mêmes des exploitations agricoles soient ignorants, routiniers, négligents : la production y sera relativement basse ; d’où en définitive des rentes qui pourront être soit plus hautes qu’ailleurs, soit moins hautes, selon la densité de la population, selon les prix que les produits obtiendront, selon la technique employée, etc. Ajoutons cette remarque que si, dans la contrée en question, un certain nombre de propriétaires tirent un meilleur parti que les autres de leurs terres, ce n’est pas leur rente, c’est leur salaire qui en sera accru : car si ces propriétaires devaient louer leurs terres, le prix qu’ils pourraient les louer — prix qui en mesure exactement la rente — serait déterminé par ce que le commun des fermiers de la contrée sont capables de tirer de ces terres.

348. Comment ces variations affectent les différentes terres. — Dans ce qui précède, nous avons parlé des variations de la rente comme si ces variations devaient être toujours du même sens et proportionnelles pour toutes les terres, tout au moins pour toutes les terres d’un pays ou d’une région déterminée. En réalité, les modifications des facteurs qui influent sur la rente affecteront les différentes terres inégalement, et pourront les affecter en des sens contraires — non seulement ces modifications qui intéressent particulièrement telles ou telles terres, comme l’ouverture d’une route, etc., mais même celles qui intéressent l’ensemble des terres —.

Supposons tout d’abord qu’un de ces éléments d’où la rente résulte vienne à subir une modification qui soit pareille pour toutes les terres : supposons, par exemple, que les prix de toutes les denrées agricoles viennent à monter d’un dixième ; et considérons trois terres à blé qui