Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/607

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

donnaient respectivement 100, 200 et 300 francs de renie à l’hectare. Ces rentes provenaient-elles de ce que, les frais de production étant de 1.000 francs par hectare sur chacune des trois terres, et le prix de l’hectolitre de blé étant de 20 francs, la première terre produirait 55 hectolitres, la deuxième 60 et la troisième 65 ? Alors, le prix du blé s’élevant à 22 francs, les rentes de nos terres seront de 210, 320 et 430 francs. Mais peut-être aussi la première terre produisait-elle 45 hectolitres avec 800 francs de dépense, la deuxième 70 avec 1.200 francs de dépense, la troisième 54 avec 780 francs de dépense : dans ce cas, les rentes des trois terres deviendront égales à 190, 340 et 408 francs.

L’hypothèse que nous venons d’examiner est, parmi celles qu’on peut faire, la plus favorable à la proposition dont nous voulons montrer l’inexactitude. Cette hypothèse, cependant, est irréelle. Ces modifications elles-mêmes des facteurs de la rente qui auront le plus grand caractère de généralité intéresseront inégalement les différentes productions agricoles. La population augmente-t-elle ? la hausse des prix qui s’ensuivra ne sera pas la même pour toutes les denrées. Si la demande des produits agricoles s’accroît sans que la population ait augmenté, cet accroissement de la demande sera plus fort par rapport à certaines denrées que par rapport à certaines autres. Les progrès de la technique, même s’ils permettent d’enrichir les terres en matières nutritives, ne seront jamais également favorables à toutes les cultures ; etc. Or nous savons que toutes les terres ne sont pas aptes à produire toutes les denrées agricoles, et que chaque terre — étant donné un certain ensemble de conditions techniques et économiques — est toujours particulièrement bonne pour une culture déterminée ou pour un groupe déterminé de cultures. Il apparaît donc que ces modifications que nous avons passées en revue auront pour les rentes des différentes terres les conséquences les plus diverses. Et il en sera de même pour telles autres modifications qu’on peut concevoir : il suffira d’indiquer, par exemple, que beaucoup de progrès techniques tendent à changer les écarts qui existent entre les terres dites fertiles et les terres dites infertiles, soit au point de vue du produit qu’elles donnent les unes et les autres, soit au point de vue des dépenses de production.

3. L’histoire de la rente agricole.

349. Difficultés de la recherche. — Nous venons d’esquisser la théorie de la rente agricole. Il n’est pas sans intérêt de rechercher quelles ont été les variations historiques de cette rente, comment, pour parler avec plus de précision, la rente moyenne des terres a varié, au cours des