Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/90

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Pour ce qui est des biens de l’autre catégorie — les aliments par exemple —, on voudrait les appeler biens de consommation : on prendrait ainsi cette expression dans son sens étymologique. Mais l’expression « bien de consommation » est employée communément pour désigner les biens qui nous sont utiles directement ; les « biens de consommation » sont opposés aux « moyens de production ». Et encore que cet emploi de l’expression ne soit pas heureux — car on ne saurait dire, par exemple, qu’on consomme une maison d’habitation —, il faut l’accepter, parce qu’il est usuel, et parce qu’on a avantage à pouvoir opposer la « consommation » à la production, les « consommateurs » aux producteurs.

On se gardera de confondre la division qui vient d’être établie avec la précédente. Les biens d’usage sont toujours durables ; les biens périssables sont toujours instantanément détruits par la consommation ; mais les propositions inverses ne sont pas vraies. Le blé, par exemple, constitue un bien éminemment durable, puisqu’on peut manger et même semer les grains de blé qu’on trouve dans les tombeaux des Pharaons ; et cependant on le détruit quand on s’en sert pour se nourrir, et on le détruit aussi — en ce sens qu’on se condamne à ne plus pouvoir l’utiliser à nouveau — quand on le sème.

Les biens ne peuvent être à la fois durables et périssables ; car il s’agit ici de quelque chose qui dépend de leurs qualités intrinsèques. Mais ils peuvent appartenir à la fois à la catégorie des biens d’usage et à la catégorie opposée : le bois, employé au chauffage, sera détruit par la consommation qui en sera faite ; ce sera un bien d’usage si on l’emploie dans une construction.

On remarquera que les biens d’usage matériels sont à l’ordinaire indivisibles, et les biens que la consommation détruit, au contraire, divisibles : on ne saurait mettre en morceaux un tableau, un meuble, sans leur faire perdre leur utilité ; mais on peut partager des aliments. Les divers processus de la consommation destructive — l’ingestion, la combustion, etc. — impliquent le plus souvent une certaine division des biens, et permettent une division plus poussée : car ces processus représentent l’utilisation de propriétés des corps qui se retrouvent identiques dans toutes les parties, si petites soient-elles, de ceux-ci ; c’est le contraire pour les usages.

Notons enfin que parmi les usages, il en est qui « usent » les biens — ainsi un vêtement se détériore quand on le porte —, et d’autres pas. Mais même dans ce dernier cas, les forces naturelles — l’action des intempéries, etc. — détériorent les biens lentement : le sphinx d’Égypte ne souffre aucun dommage d’être regardé, et néanmoins il ne durera pas éternellement.

6o Il y a des biens qui sont utiles par eux-mêmes. On les appelle souvent biens de consommation ; on les a appelés encore biens directs, ou biens