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du premier rang[1]. À ces biens s’opposent les biens qui ne sont point utiles par eux-mêmes, mais qui nous servent à nous procurer des biens de la catégorie précédente. Cette deuxième catégorie de biens portera le nom de biens de production, ou de biens indirects, ou de biens instrumentaux. Avec plus de précision encore, on parle de biens du deuxième rang, du troisième rang, et ainsi de suite : les biens du deuxième rang seraient ceux d’où l’on tire immédiatement des biens du premier rang, ou directs, les biens du troisième rang ceux d’où l’on tire des biens du deuxième rang, etc. Mais il est à remarquer que la distinction des biens instrumentaux en biens du deuxième rang, du troisième, etc., ne saurait, bien souvent, être établie rigoureusement. Souvent dans le processus productif, au lieu de voir des biens sortir successivement les uns des autres, on voit des biens se transformer par l’effet d’actions continues qui s’exercent sur eux ; ou si d’autres biens viennent se combiner à ceux-là d’une manière non continue, les choses se passent en telle sorte qu’on ne peut qu’arbitrairement couper le processus productif en étapes.

Il a été remarqué souvent que le même bien pouvait être, selon l’emploi qui en est fait, direct ou indirect : le charbon, par exemple, pourra servir à chauffer des appartements, ou à faire marcher des machines. Un même bien peut être à la fois direct et indirect pour la même personne : une maison, par exemple, servira à la fois pour l’habitation et pour l’exercice d’une industrie. Un bien peut encore être en même temps direct pour une personne et indirect pour une autre : un hôtel que l’on loue est un bien direct pour le locataire, qui en jouit, et un bien indirect pour le propriétaire, qui en tire des revenus ; un train qui transporte à la fois des voyageurs, des biscuits et des machines est un bien du premier rang pour les voyageurs en question, un bien du second rang par rapport à ceux qui consommeront les biscuits, et un bien du troisième rang par rapport aux acheteurs de ces marchandises qu’on produira avec les machines[2].

37. Biens complémentaires et biens substituables. — Parmi les biens, il en est qui offrent des particularités remarquables, dont il est nécessaire de parler. Ce sont les biens dits complémentaires et les biens dits substituables.

1o On appelle biens complémentaires[3] ces biens qui n’ont d’utilité que joints à d’autres. On dit d’un bien qu’il est complémentaire, pour indiquer qu’il n’a pas d’utilité à lui tout seul. On dit mieux qu’il est complémentaire de tel autre bien. Et l’on dit aussi des deux biens en question qu’ils sont complémentaires l’un de l’autre, ou tout simplement qu’ils sont complémentaires.

  1. Cf. Menger, Volkswirtschaftslehre. chap. 1, §§ 2 3.
  2. Voir Marshall, Principles, liv. II, chap. 3, § 1, note (trad. fr., t. I).
  3. Consulter sur ces biens Böhm-Bawerk, Positive Theorie des Capitales, liv. III, I, v.