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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/114

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II

Revenons au devoir, et parlons un peu des théories qui, sur cette question, s’écartent de la conception où je me suis arrêté. Ces théories sont de deux sortes : il y a d’une part celles où l’on ne trouve rien qui ressemble au devoir, et il y a d’autre part celles qui mettent dans l’idée du devoir plus que ce que j’y ai mis.

Je prendrai mon exemple des théories de la première catégorie chez un des représentants les plus récents du « naturalisme », Leslie Stephen.

Le problème de l’éthique consiste, d’après Leslie Stephen, à découvrir « la forme scientifique de la moralité », en d’autres termes, « la caractéristique générale des sentiments moraux »[1]. Il est vrai qu’on demande souvent davantage au moraliste ; mais on ne le fait que parce qu’on confond la science de la morale, la théorie, avec l’art, la pratique. Le physiologiste se propose-t-il de guérir les maladies ? nullement : il ne cherche pas autre chose qu’à expliquer les phénomènes qui se produisent dans l’organisme. De même le « moraliste scientifique » laisse au « moraliste pratique » le soin de guérir les vices, de modifier la conduite des hommes — en se servant de la science comme guide —. Pour lui, sa tâche est de constater et d’expli-

  1. The science of ethics, Londres, Smith et Elder, 1882, 1, § 28 (p. 35), 7, § 43 et passim.