Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/12

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son de la fin choisie, le problème soit sans intérêt, sans importance réelle. Le problème moral, au contraire, apparaît comme un problème que, de quelque manière qu’on doive le résoudre, on ne saurait éluder. Tout au moins — pour ne pas préjuger de ce qui ne pourra être établi rigoureusement que plus tard — le problème moral apparaît-il tel partout où on le soulève, dans la conscience du commun des hommes, dans les ouvrages des philosophes. Et, dût-on aboutir finalement à la négation du devoir et de tous ses équivalents, à l’immoralisme parfait, il n’en faudrait pas moins pour commencer donner à notre problème le caractère que j’ai indiqué.

D’autre part il y a lieu d’éviter, dans l’énoncé du problème moral, les expressions trop précises, celles qui impliqueraient déjà une solution particulière du problème. Et sans doute le problème moral est tel qu’on ne peut le poser sans être contraint, par l’énoncé même qu’on en a donné, d’arriver à une certaine solution : comment en serait-il autrement, puisque ce problème a son origine dans notre nature, et que rien d’extérieur à celle-ci ne doit contribuer à en déterminer la solution ? Mais s’il est impossible de suivre ici une méthode parfaitement discursive, on peut du moins aller de formules moins nettes à des formules plus nettes, on peut parler au début un langage que son imprécision même fasse approuver sans difficulté, pour ensuite, par l’approfondissement et l’éclaircissement des notions, obtenir l’assentiment du lecteur à des propositions qu’il n’eût pas été disposé à accepter immédiatement.

Le problème moral, comme l’a dit Spencer, est le