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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/127

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rieur que l’on encourt dans le cas contraire[1]. Et Kant « postule » une autre sanction — sans doute parce que celle-là est imparfaite — : un mal physique, déclare-t-il, doit être lié au mal moral comme conséquence, d’après les principes d’une législation morale[2].

Je sais bien que Kant s’efforce de donner à l’obligation une valeur, une réalité propre, qu’il veut qu’elle se suffise à elle-même. Mais s’il pouvait en être ainsi, Kant ne serait pas contraint d’introduire dans sa doctrine, à la suite de l’obligation, la sanction. Et il y est contraint en effet : faisant de la vertu « la condition suprême de tout ce qui peut nous paraître désirable », il déclare qu’ « elle n’est pas pour cela le bien complet et parfait », qu’ « elle devrait être accompagnée du bonheur, et cela non seulement aux yeux intéressés de la personne qui se prend elle-même pour but, mais même au jugement d’une raison impartiale qui considère la vertu en général dans le monde comme une fin en soi »[3]. Mais avouer que la sanction est le complément nécessaire de l’obligation, c’est reconnaître implicitement que l’obligation prise en elle-même est un concept en l’air. Toutes les subtilités où Kant entrera[4] ne prévaudront pas là contre.

Cette conception de l’obligation que nous trouvons chez Kant, on la retrouve chez un grand nombre de philosophes contemporains. M. Fouillée a donné une critique minutieuse et sévère de la morale kantienne[5].

  1. Voir pp. 177-178 (1re partie, I, Examen critique) et passim.
  2. Voir p. 64 (I, 1), p. 174 (I, Examen critique) et passim.
  3. II, 2 (pp. 201-202).
  4. Voir par exemple pp. 236-237 (II, 2, §, 5).
  5. Critique des systèmes de morale contemporains, IV.