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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/14

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C’est dans la comparaison des actes que la vraie nature du problème moral se révélera. Je dis : dans la comparaison, parce que le choix n’est jamais moral que lorsqu’il est réfléchi et délibéré. Supposons que, poursuivant une fin, nous ayons à choisir entre deux moyens ; si nous permettons à des impulsions internes de nous faire prendre l’un de ces moyens plutôt que l’autre, rien de moral ne se sera passé. De même s’il s’agit de choisir entre deux fins, d’accomplir ou de ne pas accomplir un acte, et que nous abandonnions au jeu spontané des forces psychiques la solution de l’alternative.

Appliquons donc notre réflexion à notre conduite. J’hésite, voulant atteindre une certaine fin, entre deux moyens que mon intelligence conçoit. Lequel prendrai-je ? celui-là évidemment qui, après examen, me sera apparu comme le plus propre à me conduire au but visé.

Deux fins, maintenant, sont en présence : qu’est-ce qui me décidera à proclamer la supériorité de l’une, à la déclarer meilleure, ou préférable ? La force des impulsions qui nous portent d’un côté ou de l’autre ne doit pas entrer en compte. Appliquant donc notre attention à nos deux fins, nous chercherons les éléments qui sont en elles et auxquels notre moi conscient ne peut pas ne pas attacher de valeur, les motifs qu’a ce moi conscient de trouver bonnes l’une et l’autre fin, et nous pèserons ces éléments, ces motifs.

Mais cette pesée, cette comparaison que la réflexion nous force en quelque sorte à instituer, il faut qu’elle soit possible. Il faudra donc que les éléments, les motifs dont je parlais ci-dessus soient du même ordre,