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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/15

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qu’il y ait identité de nature entre eux : comment comparerait-on deux choses ensemble, si on ne les considérait sous un même rapport[1] ?

Ainsi le problème moral est de trouver une commune mesure à laquelle toutes les actions seront soumises, une fin souveraine à laquelle on ramènera toutes les fins.

Il s’agit de trouver une commune mesure pour les actions. La morale aura donc pour tâche d’établir un système de valeurs ; et ce système doit être complet, il doit embrasser tous les actes possibles, car la réflexion intervient ou peut intervenir dans tous les moments de notre vie, elle peut s’appliquer à tous nos actes ; mais en même temps et surtout il doit être parfait, c’est-à-dire que toutes les valeurs qui y entrent doivent être mesurées avec un même étalon.

Il s’agit, disais-je encore, de ramener toutes les fins à une fin suprême. Ce que l’on trouve, en effet, dans une fin et qui fait que nous sommes contraints d’attribuer un prix à cette fin, c’est une fin encore, supérieure en un sens à la première. Et comme la comparaison de deux fins, de deux actions que l’on conçoit ne peut avoir lieu qu’autant que le bien trouvé dans les deux fins est le même bien, il est clair qu’il ne s’agit pas d’autre chose, en morale, que de déterminer une fin

  1. Cf. Stuart Mill : « il doit exister quelque étalon servant à déterminer le caractère bon ou mauvais des fins. Et quel que soit cet étalon, il ne peut en exister qu’un seul, car s’il y avait plusieurs principes supérieurs de conduite, la même conduite pourrait être justifiée par un de ces principes et condamnée par un autre, et il faudrait quelque principe plus général qui pût servir d’arbitre entre les autres » (Logique, VI, 12, § 7, trad. Peisse, Paris, Ladrange, 1866, t. II, pp. 558-559). De même dans l’Utilitarisme, I (trad. fr., Paris, Alcan, 3e éd., 1908, p. 5), et passim.