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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/168

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dire, de l’économie politique « orthodoxe » et de l’évolutionnisme spencérien est aujourd’hui abandonné. Les socialistes l’ont sapé. M. Effertz a prouvé d’une manière décisive que, s’il y avait des harmonies entre les intérêts des différents individus et aussi entre les intérêts des individus et l’intérêt général — une société où de telles harmonies n’existeraient pas n’est aucunement possible —, il y avait aussi des antagonismes ; et il a distingué plusieurs sortes d’antagonismes, il a dressé un tableau de ces conflits qui constituent, comme il dit, la « catastrophe » de la tragédie sociale[1].

Les lois économiques n’unissent que dans une certaine mesure les intérêts particuliers à l’intérêt général ; elles les opposent aussi bien souvent. Lorsque ces intérêts sont contraires, les sentiments altruistes peuvent intervenir pour apaiser le conflit ou pour en diminuer l’acuité. Sans doute la sympathie passive — laquelle provoque la sympathie active, sans toutefois lui être proportionnelle — augmente les souffrances de l’humanité ; et cette considération, jointe au fait que la sympathie passive, la pitié,

    mistes : ceux-ci s’appliquent à démontrer que l’effort des individus cherchant à s’enrichir enrichit du même coup, dans un régime de libre concurrence, les autres membres de la communauté ; Spencer, lui, représente que la libre concurrence, favorisant les plus aptes, opère une sélection parmi les hommes et assure par là le progrès de l’espèce.

  1. Arbeit und Boden, Berlin, Puttkammer et Mühlbrecht, nouvelle éd., 1897 (un nouvel exposé de la doctrine de M. Effertz va paraître prochainement à Paris, chez Giard et Brière). Dans mon livre sur L’utilité sociale de la propriété individuelle, j’ai repris la question des conflits des intérêts particuliers avec l’intérêt général.
    — Il faut distinguer les conflits entre les intérêts particuliers, d’une part, et d’autre part les conflits des intérêts particuliers avec l’intérêt général. Il y a conflit entre deux intérêts particuliers quand un bien, par exemple, est enlevé par un individu à un autre ; ce conflit se compliquera d’un conflit entre l’intérêt particulier et l’intérêt général si le bien en question est moins utile à celui qui l’obtient qu’il ne serait utile à celui qui le perd.