Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/19

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moral me fait me demander d’abord si j’agirai bien en accomplissant un certain acte que je projette, que je me sens porté à accomplir, il me fait me demander si cet acte peut être justifié, s’il doit être approuvé ; et il me presse de m’affranchir de la domination de mes inclinations. Ce n’est qu’ultérieurement que, procédant à cette même recherche pour une série d’actes particuliers, j’en viens à découvrir que la justification de ma conduite exige comme condition la subordination de toute cette conduite à un principe unique. Et la meilleure preuve du fait est que parmi les philosophes eux-mêmes il en est beaucoup qui, faute d’avoir poussé l’analyse du besoin moral assez loin, ne sont point parvenus à la connaissance de cette dernière vérité.

Si l’ordre chronologique, l’ordre de la connaissance est bien, pour les deux caractères du besoin moral, celui que j’ai indiqué, il est encore plus aisé de montrer que l’ordre logique est aussi celui-là : quel intérêt en effet, quelle importance peut avoir en elle-même l’unification de la conduite ? au contraire, l’indépendance de notre moi est une chose que l’on conçoit tout de suite que nous voulions assurer ; et l’unification de la conduite méritera d’être poursuivie s’il faut y procéder pour atteindre ce but.

Il y a mieux : l’ordre logique, ici, doit se confondre avec l’ordre de la connaissance. On a trop souvent, dans la morale, fait intervenir des concepts étrangers à notre nature, soit que l’on prétendît tirer ces concepts d’ailleurs que de nous-mêmes, soit que, déclarant les trouver dans notre esprit, on leur conférât tout de suite je ne sais quelle valeur absolue qui leur ôtait leur signification et leur valeur humaine. Ici, je me borne à