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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/191

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assez souvent les goûter par l’imagination à leur manière : et il suffit, comme je disais ci-dessus, d’une comparaison unique pour que l’on tienne la commune mesure cherchée[1].

On peut comparer les plaisirs, les peines des différents individus. L’utilité générale comporte une mesure quantitative. Cette mesure, au reste, sera dans la plupart des cas très malaisée.

On rencontrera ici, premièrement, les difficultés qu’implique déjà le calcul de l’intérêt individuel : car l’intérêt général est, d’une certaine manière, une résultante des intérêts individuels.

On rencontrera, encore, des difficultés qui sont analogues à telles des difficultés du calcul de l’intérêt individuel. Il n’y a pas de comparaison possible, objectait-on à l’arithmétique égoïste des plaisirs, entre les biens indispensables à la conservation de la vie et les autres biens. Il n’y a pas de comparaison, objecte-t-on maintenant, entre le nécessaire des uns et le superflu des autres. Mais cette assertion — que l’on trouve notamment chez M. Hobson[2] — est condamnée par les conséquences mêmes qui en découlent. Admettons que la

  1. Ce n’est pas le lieu ici de développer les conséquences qui découlent, touchant le problème de la répartition, de la conception qui vient d’être exposée. En définitive, on arriverait, je pense, à cette même formule dont je me déclarais partisan dans mon ouvrage sur la propriété. Appliquant la méthode indiquée ci-dessus, on constaterait, comme fait le sens commun, que la meilleure distribution, entre gens d’une même race tout au moins — je dirais aussi entre gens d’une même éducation, si l’éducation des individus ne dépendait pas tout d’abord, précisément, de la façon dont les richesses sont réparties — ne saurait s’écarter beaucoup de l’égalité.
  2. The social problem, Londres, Nisbet, 1902, 1, 7, pp 73 sqq.