Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/210

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l’une des causes des erreurs qui ont été signalées ; une autre cause est l’influence exercée dans la philosophie par la conception traditionnelle de l’obligation morale.

Considérons d’abord ces systèmes qui s’attachent principalement à l’idée du bien. C’est un mouvement naturel de l’esprit qui nous porte à aborder le pro blème moral de cette façon. L’esprit humain est objectiviste ; aussi se demande-t-il quelle fin nous devons poursuivre avant d’avoir examiné ce que peut signifier au juste cette expression « nous devons » ; il avancera une solution du problème avant d’avoir examiné les termes exacts dans lesquels il convient de poser ce problème. Mais, le bien défini, il faut indiquer comment ce bien agira, quelle sorte d’autorité il aura sur nous. Or la méthode suivie a détourné les philosophes d’approfondir cette question ; et d’autre part la notion vulgaire de l’obligation leur en impose, elle les empêche d’attribuer simplement au bien cette autorité qui appartient à la raison, elle leur fait vouloir quelque chose de plus fort, d’absolu si possible. Ils consolideront donc, si l’on peut ainsi parler, le bien au moyen de cette notion de l’obligation, c’est-à-dire enfin de compte au moyen de la sanction, soit d’ailleurs qu’ils fassent appel expressément à celle-ci, soit qu’elle se dissimule derrière des affirmations métaphysiques. D’autres, cependant, recourront à la nécessité : celle-ci est parente de cette contrainte qui accompagne la sanction, et par conséquent l’obligation ; c’est la limite où tend la contrainte de la sanction à mesure qu’elle devient plus efficace, c’est une contrainte infaillible, de même que la contrainte est une nécessité imparfaite. Une psychologie simpliste contribuera d’ailleurs à introduire