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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/227

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chercher avant tout à étendre notre savoir : car il n’est pas de connaissance qui ne puisse être utile un jour ou l’autre pour résoudre les cas que la pratique nous présente ; or bien souvent il vaudra mieux courir le risque de ne pas se décider pour le parti en lui-même le meilleur que de s’imposer, afin de déterminer ce parti à coup sûr — ou avec une probabilité plus grande — une étude qui peut devenir infinie. Le savoir est un bien quand, nous fixant sur la fin bonne, ou sur les moyens propres à réaliser cette fin, il nous aide effectivement, par là, à la réaliser mieux ; on peut ajouter, encore, que l’habitude de satisfaire les exigences spéculatives de la raison nous dispose — à la condition que la recherche du savoir soit désintéressée — à contenter cette même raison dans ses exigences pratiques. Ce sont là des points de la plus haute importance ; mais il faut se garder de voir dans le savoir l’unique fin morale, ou une fin privilégiée.

Je passerai rapidement sur la conception esthétique de la morale. Beaucoup de philosophes ont établi un rapprochement étroit entre les deux idées du bien et du beau, rempli la notion, vide tout d’abord, du bien en s’aidant de la notion de la beauté. Tel Platon, qui définit la justice ou le bien, tant dans l’individu que dans la société, par l’ordre et l’harmonie, tel Malebranche, encore, pour qui la vertu est l’amour constant et dominant de l’ordre[1]. Il serait aisé de montrer que dans l’application, lorsqu’il s’agit de nous dire en quoi

  1. M. Mauxion, dans son Essai sur les éléments et l’évolution de la moralité (Paris, Alcan, 1904), distingue trois éléments de la moralité : l’un de ces éléments, et le plus important, serait d’essence esthétique.