Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/231

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et à la joie, pour trouver quelque chose qui mérite positivement le nom de bon »[1].

Pour en finir avec les morales non utilitaires, il convient de dire quelques mots de ces morales qui visent à établir parmi les hommes l’accord le plus complet possible. Telle est par exemple la morale de la sympathie d’Adam Smith. On connaît les deux grands préceptes de cette morale. S’agit-il de ces sentiments qui se terminent à nous-mêmes ? Smith veut que nous les réglions en telle manière que nos semblables puissent s’y associer pleinement par la sympathie. Considère-t-on ces actions qui se terminent à d’autres qu’à nous ? elles seront morales ou immorales, d’après Smith, selon que le sentiment qui les aura inspirées s’accordera ou non avec les sentiments provoqués par ces actions chez ceux de nos semblables qu’elles intéressent. Ces deux préceptes, en somme, peuvent se résumer dans le précepte suivant : agir toujours de telle sorte que la sympathie — il s’agit ici, qu’on le voie bien, de la sympathie « passive » — unisse le plus possible les sentiments de notre prochain aux nôtres propres.

Une idée parente de celle de Smith paraît se trouver chez Kant. La première formule que Kant donne de la loi morale, comme on sait, est la suivante : agis toujours de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle. Prise en elle-même, cette formule ne peut pas signifier : il est raisonnable de vouloir ce que tous les hommes voudront : car rien ne nous assure qu’il y ait aucune fin que tous les hommes

  1. P. 305.