Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/230

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loppe toutes les facultés de ta nature », disait Jouffroy ; et M. Fouillée répond avec Vacherot : « tous [les] besoins, tous [les] instincts, toutes [les] facultés réclament à la fois. Tel besoin presse, tel instinct pousse ; l’appétit commande pendant que la raison parle, que la passion crie, que la sensibilité pleure ou s’épanouit. Voilà donc une formule anarchique dont il serait impossible de tirer une véritable règle d’action »[1]. Et le même M. Fouillée dit encore : « sur quoi fonder cette loi « tends à la perfection de ton espèce », sinon sur des raisons d’utilité individuelle ou collective — il est vrai qu’il ajoute « ou sur un devoir à priori », mais nous pouvons ne pas tenir compte de cette addition — ? »[2] C’est à tort qu’on étend le mot de bien aux supériorités de toute sorte, « qu’on oublie le véritable signe intérieur du bien, la joie. Il n’est pas démontré qu’une supériorité en elle-même, quel qu’en soit l’objet, soit un bien, ni qu’un accomplissement, un achèvement, une perfection, quelque soit l’objet accompli et achevé, soit encore un bien[3]. Une volonté forte, énergique, nous semble un bien parce qu’elle renferme virtuellement beaucoup d’actions capables de procurer la félicité, soit à celui qui la possède, soit à ceux qui l’entourent. Seule, considérée comme simple puissance, elle n’est plus qu’une grande force analogue à celles de la nature, redoutable et mystérieuse, dont on ne sait si le bien ou le mal sortira »[4]. Ainsi « au point de vue expérimental il faut toujours revenir à la sensibilité, au plaisir

  1. II, 3, §2, p.71.
  2. Pp. 70-71.
  3. VI, 2, p. 294.
  4. P. 304.