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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/251

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lité par des formes nouvelles laisserait peut-être égale la somme d’indignation que soulèvent les actes considérés comme criminels ; ne serait-ce pas cependant un résultat heureux, un gain positif pour la société si l’on cessait par exemple de tuer ?

Il y a donc, chez M. Durkheim, une superstition du normal. En définitive, les idées de M. Durkheim peuvent nous aider à bien appliquer le principe utilitaire ; mais les formules que M. Durkheim propose n’ont de valeur qu’autant qu’on peut les déduire du principe de l’utilité générale ; et elles ne correspondent pas si exactement à celui-ci qu’on puisse les y substituer sans réserves.

Je terminerai ce chapitre par quelques mots sur la doctrine que Guyau a exposée dans son Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction.

Cette doctrine s’écarte du pur utilitarisme plus que les doctrines précédentes. Guyau se rattache à Spencer ; il emprunte à celui-ci sa formule du développement, de l’intensification de la vie. Mais pour Spencer cette formule ne devait pas servir à autre chose qu’à permettre de mieux déterminer l’utilité ; tandis que pour Guyau la vie vaut par elle-même et se suffit à elle-même.

Ce qui a conduit Guyau à choisir comme principe de sa morale le principe de la vie, c’est son désir d’établir une harmonie aussi parfaite que possible entre la moralité et la nature. Par là seulement il semblait à Guyau que pût être constituée une morale « positive ». Mais à vouloir faire rentrer la moralité dans la nature on se condamne — si du moins on donne ici