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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/254

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rait justifier — les considérations utilitaires étant écartées — l’octroi d’une récompense à l’auteur d’une action jugée bonne, et l’application d’une peine à l’auteur d’une action mauvaise. J’ai fait voir que, la sanction abolie, la responsabilité — il s’agit de la responsabilité dite morale — et le mérite — tel qu’on le comprend d’ordinaire — s’évanouissaient, ces deux idées n’ayant de sens qu’autant qu’on admet la nécessité de la sanction. Quant à la vertu ou à la moralité — c’est tout un —, laquelle se mesure à la part que la raison prend dans la détermination de nos actes, il apparaît assez clairement que ma doctrine permet de la tenir pour précieuse : la vertu a du prix en tant qu’elle produit des actions bonnes chez celui qui la possède, en tant qu’elle est une promesse que de telles actions seront accomplies parce même agent dans l’avenir, en tant, enfin, qu’elle est un bon exemple pour les autres hommes ; mais il faut se garder de donner à la vertu je ne sais quelle valeur absolue, de la mettre au-dessus de la bonté, c’est-à-dire de la conformité des actions au principe moral, du fait que les actions procurent du bonheur à l’agent et à ses semblables : il faut voir que la façon est indifférente dont est obtenu ce que la raison éclairée nous invite à vouloir, que la bonté seule a du prix par soi, et que si la vertu a un prix, c’est d’une manière dérivée[1].

Je ne m’attarderai pas non plus à montrer comment,

  1. On objectera peut-être que je suis parti de la considération des exigences pratiques de la raison, que c’est dans ces exigences que j’ai trouvé l’énoncé du problème moral ; et l’on dira : la volonté, dès lors, qui obéit à la raison n’est-elle pas précieuse même alors qu’on se méprend sur ce